Chevrolet Volt 2012: la revanche

Alors que des milliers de brillants cerveaux ont travaillé au sein de General Motors (GM) pendant des décennies, inventant et mettant au point des produits des plus avancés, les dirigeants ont fait preuve d'une lamentable myopie dans leur gestion. Ainsi, pendant qu'ils laissaient sur les tablettes des systèmes électroniques, hybrides et autres, GM proposait des véhicules de qualité très moyenne, voire médiocre, à la technologie désuète — Chevrolet Vega, Citation, Cavalier, Cadillac Cimarron, Pontiac Fiero et Aztek, pour ne citer qu'eux — qui faisaient de plus en plus fuir la clientèle. Rappelez-vous cette fameuse déclaration de Bob Lutz, ancien vice-président de GM, qui qualifiait au début des années 2000 la Toyota Prius de «P. R. stunt» qui ne serait jamais rentable...
Et que dire de l'aventure de la Saturn EV-1, voiture 100 % électrique mise en marché en 1996 dont la fin, lorsque GM ira écraser presque tous les exemplaires dans le désert, est un témoignage éloquent du niveau d'incompétence qui affligeait cette entreprise.Ces années d'arrogance et d'ineptie ont fini par tuer celui qui fut longtemps le numéro un mondial de l'automobile. Le 1er juin 2009, l'impensable s'est produit: GM a fait faillite. C'est le seul remède qui s'est avéré assez puissant pour redonner le sens de la mesure et de l'humilité à ce géant.
Les employés relèvent la tête
Après avoir été humiliés, les employés de GM relèvent la tête. L'objet de leur fierté retrouvée? La Chevrolet Volt. Pour avoir visité l'usine où cette voiture est assemblée, je peux témoigner de cette fierté et de l'impact énorme qu'a cette voiture sur ceux qui y travaillent. Ils se rendent compte de tout ce qu'elle représente symboliquement, économiquement et surtout en ce qui concerne la confiance des consommateurs envers GM. Le peuple américain (et son gouvernement) leur a donné cette seconde chance et ils savent qu'il n'y en aura pas une troisième.
Beaucoup plus qu'une simple voiture...
GM définit la Chevrolet Volt comme une voiture électrique «à autonomie prolongée», par un moteur à essence de quatre cylindres de 1,4 litres et de 85 chevaux. D'une capacité de 16kWh, sa batterie lithium-ion affiche une autonomie variant, selon GM, de 40 à 80 kilomètres en mode 100 % électrique, selon les conditions. Une fois la batterie vidée, le moteur à essence démarre et la voiture peut parcourir environ 500 kilomètres supplémentaires. La recharge prend 10 heures sur une prise de 120 volts et quatre heures sur une prise de 240 volts. Elle vous coûtera environ, au tarif actuel d'Hydro-Québec, 85 cents, soit 1/8 du prix de l'essence à 1,40 $ le litre.
Essai routier concluant
J'ai eu l'occasion de parcourir 142 kilomètres avec une Volt il y a quelques jours. En conduisant de façon normale (25 % en ville, 75 % sur la route), j'ai parcouru 58 kilomètres avec le mode électrique. L'hiver dernier, à cinq degrés sous zéro, j'avais pu en parcourir environ 52. Il est faux de croire que le froid représente un élément plus nuisible que la chaleur pour la batterie, (garantie huit ans ou 160 000 kilomètres). En fait, c'est le contraire. Si la batterie est plus sollicitée par le système de chauffage au froid, elle durera plus longtemps. En tant que propriétaire d'une voiture hybride depuis plus de 10 ans, je peux en témoigner.
J'ai remis l'indicateur à zéro et parcouru les derniers 84 kilomètres avec le moteur à essence. J'ai obtenu une moyenne de 5 litres aux 100 kilomètres (60 % sur la route et 40 % en ville), pour une moyenne, au total, de 3,5 litres aux 100 kilomètres. C'est exceptionnel.
La voiture est très agréable à conduire. Elle tient bien la route, accélère avec aplomb en mode sport, freine bien et graduellement, bref elle fait tout avec assurance. À vrai dire, elle est fort agréable à conduire et je ne vois pas comment elle pourrait décevoir.
La somme d'information disponible via le tableau de bord ravira les amateurs d'informations techniques. L'espace intérieur est correct et quatre personnes peuvent s'y asseoir confortablement. L'espace utilitaire est avantagé par le hayon et les sièges rabattables. Le design est très moderne, futuriste même, et rappelle le look des ordinateurs Apple.
Un achat rationnel ou pas?
À un prix de détail suggéré de 41 545 $, moins un crédit d'impôt du gouvernement du Québec, qui deviendra un rabais de 7769 $ en janvier 2012, pour un total de 33 776 $, cette voiture n'est pas pour toutes les bourses. Mais je trouve fallacieux l'argument de certains voulant que la rationalité de la dépense pour ce véhicule n'en vaille pas la peine. Pourtant, ce sont souvent ces mêmes gens qui trouveront parfaitement justifié de se payer du cuir, des gadgets, de la puissance et un badge de luxe à 50, 100 et même 200 000 $! Et on dira ensuite qu'une technologie verte de pointe qui diminue radicalement votre facture d'essence, vos émissions de CO2 et donc votre impact écologique serait illogique? La logique de tout cela m'échappe...
Mais il est clair que ce véhicule sied spécialement à ceux qui se servent de leur voiture pour faire le trajet banlieue-travail de façon quotidienne. Selon les plus récentes statistiques, 78 % des Nord-Américains parcourent 65 kilomètres ou moins par jour. Ainsi, pour eux, une Volt fonctionnerait presque toujours en mode électrique. Elle est beaucoup moins intéressante pour une personne qui fait beaucoup de kilométrage sur la route. La Toyota Prius Plug-In devient alors plus avantageuse, car son système lui permet d'avoir une consommation d'environ 3,1 litres aux 100 kilomètres, plutôt que les 5 litres aux 100 de la Volt, une fois la charge de la batterie épuisée.
Même si la Chevrolet Volt n'inondera pas les rues de sitôt, sa technologie est promise à un brillant avenir. Chapeau, GM! Après toutes ces années perdues, elle a amplement mérité les nombreux prix accordés à la Volt.
***
Collaborateur du Devoir