Achat du Groupe TMX - Londres récolte de nouveaux appuis
Maple a besoin qu'un actionnaire sur trois rejette l'offre britanniqueIl ne reste que quelques jours pour séduire les actionnaires, et tout le monde s'y emploie énergiquement. Alors que le Groupe TMX et la Bourse de Londres animaient une conférence téléphonique pour répondre aux questions de dernière minute — et que le Groupe Maple faisait de même —, une alliance d'une dizaine d'établissements financiers bien connus à Bay Street a décidé hier d'appuyer le mariage canado-britannique.
Jeudi, les actionnaires du TMX et de Londres seront appelés à se prononcer sur un projet d'acquisition qui donnerait naissance à une des grandes Bourses mondiales, mais que le Groupe Maple, qui présente une offre rivale, décrit comme un énorme risque pour l'avenir des marchés financiers canadiens.Londres propose un échange d'actions évalué à environ 3,3 milliards, plus un dividende spécial de 660 millions aux actionnaires des deux compagnies. De son côté, Maple, composé notamment des banques TD et Scotia et de gros acteurs comme Manuvie et la Caisse de dépôt et placement, espère que les actionnaires vont voter contre le projet, car il propose lui-même une offre estimée à 3,8 milliards.
«Après un examen minutieux, il est clair pour nous que la fusion entre le TMX et Londres protège la souveraineté réglementaire canadienne, encourage la gestion par des dirigeants canadiens et maintient la concurrence», a écrit hier le regroupement de dix établissements financiers qui comprennent notamment Caldwell Securities, Raymond James et CI Financial. La lettre porte aussi la signature de Rowland Fleming, un ancien président de la Bourse de Toronto.
«En comparaison, le consortium Maple propose la création d'un monopole national dans lequel nos Bourses canadiennes seraient détenues et gérées par plusieurs de leurs plus gros participants, ce qui entraînerait des conflits d'intérêts significatifs», ajoute le groupe d'établissements.
Le TMX inclut la Bourse de Toronto et celle de Montréal, acquise pour 1,3 milliard en 2008, de même que la Bourse de croissance et une chambre de compensation de produits dérivés. (Une chambre de compensation fait le décompte des positions de tout le monde en fin de journée.)
En prévision du vote, le porte-parole de Maple, Luc Bertrand — lui-même un ancien président de la Bourse de Montréal —, se dit fréquemment très confiant quant au résultat. Pour que l'offre de Londres aille de l'avant, 66,6 % des actionnaires doivent voter en faveur. Autrement dit, pour la torpiller, Maple, qui a notamment l'appui de Stephen Jarislowsky, n'a besoin que de convaincre un peu plus de 33,3 % de l'actionnariat.
De son côté, le chef de la direction de la Bourse de Londres, Xavier Rolet, affirme depuis quelques jours que la situation est complexe et qu'il est difficile de prédire le résultat du vote.
En plus de faire l'acquisition du TMX, Maple compte mettre la main sur Alpha, une petite plateforme de négociation mise sur pied par les banques et les firmes de courtage. Plusieurs des membres de Maple sont aussi actionnaires d'Alpha. Maple voudrait aussi y intégrer la chambre de compensation CDS, qui appartient présentement aux banques, au TMX et à l'Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières.
Le groupe de signataires de la lettre a estimé hier que cela placerait Maple en situation de monopole pur et simple et que l'entité serait néfaste à la concurrence.
Pour continuer à marteler le message, M. Bertrand a organisé une conférence téléphonique hier, tout comme le TMX et la Bourse de Londres. En gros, l'essentiel des réponses aux questions, tant d'un côté comme de l'autre, a consisté à faire valoir sa propre proposition tout en critiquant les risques inhérents à celle de l'autre.
Au mois de juillet, l'Autorité des marchés financiers organisera des audiences publiques, tout comme le fera la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario. Toute transaction sera aussi soumise à l'examen du gouvernement fédéral.