Bataille autour du Groupe TMX - La Bourse de Montréal protégée «pour toujours»

Xavier Rolet
Photo: - Le Devoir Xavier Rolet

Les patrons du Groupe TMX et de la Bourse de Londres se sont rendus à Montréal hier avec une mission claire: défendre leur projet de fusion et le présenter, en promettant une présence éternelle, comme une véritable occasion d'expansion pour les activités de la Bourse de Montréal.

Invités à s'adresser aux membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Thomas Kloet (TMX) et Xavier Rolet (Londres) ont affirmé à plusieurs reprises que la Bourse de Montréal, spécialisée dans les options et les contrats à terme depuis 2000, restera telle quelle.

«Dans l'accord que nous avons signé avec Londres, la Bourse de Montréal est protégée, et sa forme actuelle et son rôle sont garantis. Pour toujours», a dit M. Kloet lors de son allocution.

La Bourse de Londres offre environ 3,4 milliards en actions pour le Groupe TMX, les deux présentant l'opération comme une fusion d'égaux. Au terme du projet, le conseil compterait 15 membres, dont 7 Canadiens, et les actionnaires de Londres posséderaient 55 % de la nouvelle société, contre 45 % pour ceux du TMX.

Les propos de M. Kloet — appuyés en diverses déclinaisons par M. Rolet — surviennent au lendemain des déclarations étonnantes du premier ministre Jean Charest selon lequel l'autre offre sur la table, celle du Groupe Maple, est meilleure pour le Québec.

L'offre du Groupe Maple totalise 3,7 milliards pour le Groupe TMX, dont une première tranche versée en argent comptant pour 70 % des actions du Groupe TMX en circulation. Il est constitué de quatre grandes banques (CIBC, TD, Banque Nationale, etc.), de plusieurs caisses de retraite (Caisse de dépôt, Teachers, etc.), du Fonds FTQ et du Mouvement Desjardins. Le porte-parole de Maple est Luc Bertrand, vice-président du conseil de la Banque Nationale et ex-président de la Bourse de Montréal.

Mardi, M. Charest a dit lors d'un entretien avec l'agence Bloomberg que «nous préférerions vraiment que la propriété soit celle du Groupe Maple, si ce n'est que nous aimerions un contrôle canadien de notre Bourse. [...] Ce qui nous intéresse le plus, c'est de s'assurer que Montréal est capable de préserver son expertise.»

M. Charest est un homme intelligent, ont dit les deux hommes, mais le processus ne fait que commencer devant l'Autorité des marchés financiers, la Commission des valeurs mobilières, le Bureau de la concurrence, etc. «Il y a un moment pour tout, un moment pour les discussions avec les actionnaires et un autre pour les autorités réglementaires», a dit M. Rolet en point de presse.

La Bourse de Montréal, qui fait partie du Groupe TMX depuis 2008, compte environ 200 employés, dont bon nombre de spécialistes en technologies de l'information. Lors d'une entretien avec Le Devoir le 3 juin, M. Rolet avait dit que «non seulement les emplois vont rester, mais ils vont croître». M. Rolet fait valoir que Montréal sera le centre d'excellence des produits dérivés au sein de la nouvelle entité et que Montréal pourrait profiter de ce tremplin international.

Maple exhorte les actionnaires du TMX — dont plusieurs sont des grandes banques et donc membres du consortium Maple — à voter contre l'entente de fusion de manière à ce que le projet Maple puisse avoir une chance d'aller de l'avant. Selon M. Bertrand, l'offre de Londres n'est faite que de «plans de réduction des coûts, de promesses et de platitudes pour ce qui serait sa filiale canadienne».

Maple est un recul

M. Rolet a affirmé à plusieurs reprises au cours des dernières semaines que l'offre de Maple est un recul, une sorte de repli sur le marché domestique qui ne comporte aucune possibilité d'internationalisation de la Bourse de Montréal.

Présent hier, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a dit lors d'un bref point de presse qu'il souhaite des garanties pour Montréal, mais ne prend pas position pour l'instant, car il dit ne pas avoir toute l'information.

Invité à dire, lors d'un point de presse après l'allocution hier, s'il y avait une possibilité de bonifier l'offre, M. Rolet a commencé par critiquer l'offre de Maple avant de gentiment décliner la requête par mesure de prudence.

«Si vous demandez à un gérant de Bourse de faire des commentaires sur ce qu'il pourrait faire dans le futur... Évidemment, je ne vais pas répondre à cette question. Je vous demande de m'en pardonner, a dit M. Rolet. Mais ce que je voudrais dire, c'est que notre offre est extrêmement détaillée et complète, sur les politiques de développement, de création de nouveaux produits, de la structure réglementaire, etc.»

Les actionnaires du Groupe TMX et de Londres doivent se prononcer sur l'entente de fusion le 30 juin. Au milieu du mois de juillet, l'Autorité des marchés financiers et la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario organiseront des audiences publiques.

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