Apple - L'heure de vérité pour Tim Cook?

Les actionnaires du fabricant informatique Apple étaient réunis hier en assemblée générale annuelle, pour se prononcer notamment sur un plan de succession alors que le patron Steve Jobs est en congé de maladie pour une durée indéterminée. En son absence, c'est le directeur d'exploitation Timothy Cook, 50 ans, qui gère le groupe au quotidien, comme il l'avait fait en 2004 et en 2009.

San Francisco — Tim Cook, l'héritier présomptif de Steve Jobs, doit prouver qu'il a au moins autant que le gourou d'Apple le don d'anticiper les goûts et les besoins du consommateur.

Ceux qui connaissent le directeur général adjoint d'Apple ou ont travaillé avec lui disent qu'il est brillant, fantastique. Mais il n'empêche que le numéro deux d'Apple, celui qui oeuvre en coulisses, n'a pas encore été éprouvé.

«La gloire, l'ego, l'argent, rien de tout cela ne l'intéresse, mais gagner, oui», dit de lui Greg Petsch, qui était le patron de Tim Cook chez Compaq Computer dans les années 1990.

Compaq était alors le roi du PC mais Tim Cook a, de son propre aveu, pris la meilleure décision de toute sa vie lorsqu'il a décidé d'en partir en 1998 pour rejoindre Apple, qui était alors beaucoup moins sémillant qu'aujourd'hui.

Comment Tim Cook a intégré Apple et y a fait son chemin, ce sont des choses qui font maintenant partie de la légence de la firme à la pomme.

Comme le raconte le Wall Street Journal, Steve Jobs, revenu pour remettre à flot une entreprise qui coulait, avait éconduit souvent sans ménagement plusieurs candidats avant de jeter son dévolu sur Tim Cook. Ce dernier affirme que le contact est passé immédiatement et qu'il a alors pris sa décision de manière irrévocable.

«J'ai écouté mon intuition», résume-t-il.

Pour autant, on ne peut imaginer personnalités plus dissemblables que celles de Steve Jobs et Tim Cook. Le premier passe pour être emporté, capable de licencier quelqu'un sur le champ, alors que le second est décrit comme doux et posé.

À un Steve Jobs qui verse volontiers dans le New Age, on oppose volontiers un Tim Cook réaliste et les pieds sur terre jusque dans ses loisirs, que ce soit le football ou la mise en forme.

Alors que Steve Jobs a accédé au statut de star très tôt dans sa carrière, Tim Cook est toujours resté dans l'ombre.

Gestion courante

Mais il ne s'en est pas moins bâti une solide réputation et on voit en lui celui qui a ressuscité la firme de Cupertino, au bord du gouffre dans les années 1990, pour en faire une grande puissance de l'informatique.

La succession de Steve Jobs se pose avec d'autant plus d'acuité que d'aucuns pensent qu'il ne reviendra pas chez Apple, dont il est le directeur général.

Dans les faits, c'est Tim Cook qui assure actuellement le fonctionnement au jour le jour de la firme qui a créé l'iPod, l'iPhone et l'iPad, même si Steve Jobs reste impliqué dans les décisions stratégiques et a été vu récemment au siège social.

La carrière de Tim Cook a suivi la courbe de la révolution informatique. Doté d'un MBA obtenu en 1988 à l'université Duke, il passe d'abord chez IBM avant d'immigrer en 1994 chez le revendeur informatique Intelligent Electronics, où il acquiert ses lettres de noblesse dans la gestion opérationnelle.

Compaq engage Tim Cook trois ans plus tard mais ce dernier n'y reste que six mois avant de rejoindre Apple où sa présence produit immédiatement des effets bénéfiques. Déficitaire à hauteur du milliard de dollars sur l'exercice 1997, Apple renoue avec les bénéfices dès l'exercice suivant.

Sous l'impulsion de Tim Cook, Apple a réduit sa gamme de produits, ainsi que le nombre de distributeurs et de revendeurs, tout en recourant à des sous-traitants, notamment pour une partie de la production.

La marge brute, de 19 % en 1997, a bondi à 25 % en 1998 et 39,4 % en 2010.

Tim Cook a pris la direction des ventes internationales en 2000 puis la tête de la division Mac en 2004. Il est directeur général adjoint depuis 2005.

Il a déjà assuré la gestion courante d'Apple à deux reprises avant cette année: en 2004 lorsque Steve Jobs a subi une intervention pour un cancer du pancréas, et en 2009 lorsqu'il est retourné à l'hôpital pour une transplantation de foie.

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