Le Canada n'a pas récupéré tous les emplois perdus

Ottawa — Contrairement à ce qu'on pensait, l'économie canadienne n'a pas encore regagné tous les emplois perdus pendant la récession, a indiqué hier Statistique Canada en dévoilant une révision de ses données sur la population active.

L'agence fédérale estime maintenant que le Canada a perdu plus d'emplois au cours de la récession de 2008-2009 qu'elle ne l'avait d'abord cru, et que moins d'emplois ont été créés jusqu'à maintenant depuis le début de la reprise, il y a 18 derniers mois.

En vertu des chiffres de cette révision, le nombre de Canadiens détenant un emploi en décembre était inférieur de 30 000 à celui d'octobre 2008, au début du ralentissement lié à la crise du crédit mondiale.

La croissance du marché de l'emploi avait été une des plus fortes au sein des économies avancées, surpassant toutes les attentes et même le taux de croissance de l'économie. C'est toujours le cas, mais dans une moindre mesure. «La plupart d'entre nous étions bouche bée au début de l'année dernière, à la vue de la taille de la croissance de l'emploi», s'est souvenu Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO Marchés des capitaux. «La plupart d'entre nous croyions que c'était trop beau pour être vrai et en bout de ligne, il semble que c'était effectivement trop beau pour être vrai.»

428 000 emplois perdus

Statistique Canada estime désormais que le pays a perdu 428 000 emplois en 2008-2009. C'est 11 000 de plus que ce qu'elle avait calculé précédemment.

Le nombre d'emplois créés depuis l'été 2009 a quant à lui été révisé à la baisse, à 398 000. Il avait d'abord été évalué à 465 000.

Malgré tout, M. Porter et d'autres économistes affirment que la croissance du marché canadien de l'emploi reste bien plus robuste que celle observée aux États-Unis.

L'écart entre les données originales et révisées de Statistique Canada représente environ 67 000 emplois, ce qui n'est qu'une minime fraction par rapport au 17 millions de personnes qui détiennent un emploi.

Mais la révision élimine, pour l'instant, une des statistiques préférées du premier ministre Stephen Harper et de son ministre des Finances, Jim Flaherty, qui aimaient tous deux répondre aux dénonciations des partis d'opposition en répétant que le Canada était le seul des pays du G7 à avoir récupéré les emplois perdus pendant la récession.

Jim Flaherty

Dans une réponse envoyée par courriel depuis Davos, en Suisse, le ministre des Finances a fait valoir que la croissance de l'emploi au Canada restait la plus forte de celles des pays du G7, et que les révisions ne modifiaient pas le taux de chômage, qui reste à 7,6 %. «Nous savons qu'il y a encore trop de personnes qui se cherchent du travail. Notre gouvernement travaille pour eux, pour créer des emplois et générer de la croissance économique à travers le Canada», a indiqué M. Flaherty.

Statistique Canada révise annuellement ses données sur l'emploi — ainsi que d'autres indicateurs — et modifie souvent les données affichée originalement.

Les données sur le Québec et l'Ontario demeurent inchangées.

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