La Chine soutiendra l'Espagne et les maillons faibles de la zone euro

Le vice-premier ministre chinois, Li Keqiang, et le premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero
Photo: - Le Devoir Le vice-premier ministre chinois, Li Keqiang, et le premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero

Madrid — Le vice-premier ministre chinois, Li Keqiang, a affiché, hier à Madrid, sa confiance dans l'économie espagnole, durement touchée par la crise et au centre des inquiétudes des marchés, et plus généralement dans la reprise en Europe.

Le responsable a promis d'augmenter les achats d'obligations d'État espagnoles par la Chine qui est le plus grand bailleur de fonds de la planète, et annoncé la signature d'accords commerciaux avec l'Espagne pour une valeur de 5,6 milliards d'euros.

Ces déclarations interviennent alors que les marchés doutent de la capacité de l'Espagne à redresser ses comptes publics et à sortir de la crise qui secoue le pays depuis la deuxième moitié de 2008. Signe de la défiance des investisseurs, les taux espagnols se sont fortement tendus au long des dernières semaines.

«Nous pensons que l'Espagne, avec les efforts communs du gouvernement et des habitants, surmontera les difficultés économiques et budgétaires actuelles» a déclaré le vice-premier ministre, d'après l'agence Chine nouvelle. M. Li se trouve en Espagne dans le cadre d'une tournée européenne qui le conduira en Allemagne et au Royaume-Uni; il a assuré que son pays n'avait pas réduit son portefeuille d'obligations espagnoles, bien au contraire. «Nous achèterons plus [d'obligations d'État espagnoles] en fonction des conditions de marché» a-t-il assuré, selon Chine nouvelle.

M. Li, qui s'est entretenu hier avec le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a encore indiqué qu'une quinzaine de contrats et accords commerciaux publics et privés avaient été signés entre les deux pays pour une valeur de 7,5 milliards de dollars.

M. Li a aussi souligné l'importance pour Pékin d'une «Europe unie, forte et stable», selon ce communiqué diffusé à l'issue de la rencontre avec Zapatero.

Dans une tribune publiée hier par le quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung, le responsable chinois rappelle que «le soutien de la Chine aux mesures de stabilisation financière de l'UE et son aide pour juguler la crise de la dette publique sont destinés à favoriser la reprise économique et la croissance soutenue» sur le vieux continent.

Récemment, la Chine, devenue la deuxième économie mondiale et assise sur le plus gros matelas de réserves au monde, s'est dite prête à aider les économies européennes les plus exposées à une crise de la dette, après le sauvetage international de la Grèce puis de l'Irlande.

Émission de l'UE en forte demande

La première émission de l'Union européenne destinée à financer le plan d'aide à l'Irlande a cependant rencontré hier une très forte demande sur les marchés, à hauteur de 19 milliards d'euros, alors que seuls 5 milliards seront effectivement alloués, a indiqué à l'AFP la banque HSBC.

Selon une source de marché, le taux de l'obligation, dont l'échéance est fixée à décembre 2015, devrait se situer en bas de la fourchette fixée avant l'émission, compte tenu de la forte demande. Ce taux, qui pourrait s'établir aux alentours de 2,5 %, est supérieur à celui auquel se financent les États les mieux considérés de la zone euro mais nettement plus favorable que les conditions obtenues par l'Irlande, dont le taux à cinq ans atteignait hier 7,78 %.

La somme levée sera prêtée à l'Irlande à un taux majoré par rapport à celui obtenu par l'Union européenne lors de ses émissions sur les marchés. Fin novembre, le premier ministre irlandais Brian Cowen avait évoqué un taux de 5,8 % par an.

Cette forte demande «montre le succès de l'émission et la reconnaissance des marchés de la bonne notation de l'Union européenne, puisqu'il s'agit d'un prêt Union européenne», a commenté une porte-parole de la Commission européenne, Amelia Torres, lors du point de presse quotidien de la Commission.

«Cela nous permet aussi de croire que les émissions futures pourront être placées sans difficulté», a-t-elle ajouté.

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