Solide début d'année financière pour le Fonds de solidarité FTQ

Yvon Bolduc, président et directeur général du Fonds de solidarité de la FTQ
Photo: Jacques Grenier - Le Devoir Yvon Bolduc, président et directeur général du Fonds de solidarité de la FTQ

Le Fonds de solidarité FTQ se félicite de son «solide début d'année financière» marqué par un bénéfice net de 366 millions et un rendement de 5 % en l'espace de six mois.

Du début de son année financière, en juillet, à la fin du mois de novembre, le Fonds a ainsi porté la valeur de son action à 25,03 $, en hausse de 1,19 $, et porté son actif net à un total de 7,7 milliards, un sommet historique. «On a manifestement connu un solide début d'année financière. On est très content, particulièrement dans les conditions de volatilité importante et de fortes incertitudes économiques internationales qu'on a connues au cours de ce premier semestre», a déclaré hier, lors d'un entretien téléphonique avec Le Devoir, le président-directeur général du Fonds, Yvon Bolduc.

Ces résultats ont presque permis d'effacer toutes les pertes essuyées durant la dernière crise financière alors que l'action ne valait plus que 21,20 $. Lorsqu'on exclut du total les nouvelles souscriptions, l'actif net est à 95 % de ce qu'il était avant la catastrophe qui lui a fait perdre près d'un milliard. La valeur de l'action se rapproche également de son record absolu de 25,40 $.

Ce rendement semestriel de 5 %, qui équivaudrait à un taux annuel de 10 % si la tendance devait se maintenir pendant six autres mois, est attribué aussi bien à la bonne performance du portefeuille d'investissement sur les grands marchés boursiers et autres (+ 6,9 %) qu'aux résultats obtenus avec les investissements dans les entreprises québécoises (+ 4,9 %). Il se rapproche de la performance affichée durant la même période par la moyenne des fonds communs équilibrés canadiens (+ 6,3 %), mais il se situe en deçà de la croissance observée à la Bourse de Toronto (+ 10,1 %).

Campagne de souscription


En pleine campagne de souscription en ce début de saison des REER, le Fonds, qui compte déjà 500 000 actionnaires, rappelle cependant que, pour lui rendre justice, il faut aussi ajouter l'effet des déductions fiscales que les gouvernements accordent à ceux qui investissement dans les fonds de travailleurs. S'élevant à 30 % dans le cas du Fonds de solidarité de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), ces déductions lui auraient ainsi permis d'afficher ces dix dernières années un taux de rendement composé de 7,9 % par année, contre une moyenne de 4,1 % pour les fonds équilibrés et de 3,8 % à la Bourse de Toronto.

Aujourd'hui de retour à l'intérieur des limites de la règle d'un minimum de 60 % d'actifs investis dans des entreprises québécoises imposées par les gouvernements, mais que l'éclatement de la bulle immobilière lui avait fait quitter, le Fonds ne sera pas soumis, cette année, à un plafond des souscriptions permises. Il lui était déjà arrivé, ces dernières années, d'atteindre cette limite dès le mois de décembre.

Le Fonds espère que ses rendements l'aideront à convaincre les ménages québécois d'investir chez lui. Le premier défi sera de les amener à freiner leur endettement et à épargner un peu plus en prévision de leur retraite, observe Yvon Bolduc. Le Fonds devra également composer avec la grande popularité, ces temps-ci, des produits financiers garantis. La campagne de souscription de l'an dernier avait permis d'amasser 660 millions.

Lendemain de crise

Présent auprès de plus de 2000 entreprises québécoises, dont 80 % comptent 50 employés ou moins, le Fonds prévoit investir, comme à l'habitude, aux alentours de 500 millions cette année. «L'impact économique de chaque dollar qu'on investit est de trois à sept fois supérieur», a dit Yvon Bolduc.

Ce total annuel a frôlé les 850 millions au plus fort de la crise, lorsque les activités des établissements financiers ont été paralysées par le gel du crédit. «L'écosystème financier est revenu à la normale aujourd'hui. Les joueurs, qui étaient sur les lignes de touche, sont revenus dans la partie», a-t-il constaté.

Le Fonds espère maintenant que l'économie américaine gagnera de la vigueur cette année, même si les perspectives du marché de l'emploi y restent toujours moroses. Paradoxalement, cette embellie pourrait amener beaucoup d'instabilité sur les marchés boursiers, les résultats de certaines entreprises risquant fatalement de ne pas être à la hauteur des fortes attentes des investisseurs.

La belle diversité de l'économie québécoise devrait l'aider à continuer à bien se tirer d'affaire, prévoit le Fonds. Celui-ci a annoncé récemment la création, avec Québec, d'un nouveau fonds d'investissement de 11 millions visant à aider le démarrage de nouvelles entreprises spécialisées en technologies de l'information. Deux autres fonds devraient bientôt suivre, l'un dans les sciences de la vie et l'autre en développement durable.

L'effondrement du marché financier et la récession économique n'ont pas été les seules crises auxquelles le Fonds de la FTQ a été confronté. Le nom de l'organisme a aussi été associé au scandale de la corruption dans le monde la construction. Ses règles de gouvernance ont fait l'objet d'un examen et d'une réforme. Le Fonds a également annoncé qu'il s'engageait dans un «processus de désinvestissement» hors des entreprises de l'homme d'affaires Tony Accurso. Le Fonds détenait à l'époque 47,7 millions de titres de dette de sa plus importante entreprise: Simard-Beaudry. Ce montant est aujourd'hui de 35 millions.

À voir en vidéo