G20: le vrai travail commence maintenant

Photo de famille des chefs d’État à l’issue du sommet du G20 à Séoul. Et cette fois, Stephen Harper n’est pas arrivé en retard...
Photo: Agence France-Presse (photo) Tim Sloan Photo de famille des chefs d’État à l’issue du sommet du G20 à Séoul. Et cette fois, Stephen Harper n’est pas arrivé en retard...

La question du déséquilibre entre les pays qui épargnent et ceux qui dépensent — principale bataille cette semaine au sommet du G20 — ne fait pas l'objet de mesures concrètes dans le communiqué final, mais ça ne peut vouloir dire qu'une chose: la tâche commence maintenant, et elle s'annonce laborieuse.

Pendant deux jours, les dirigeants des pays du G20 ont coordonné leurs efforts dans l'espoir de consolider la reprise économique mondiale et de finaliser la refonte de la réglementation financière pour mieux prévenir une nouvelle crise. Il s'agit du cinquième sommet depuis la tourmente de 2008 qui a plongé le monde entier en récession.

Les chefs d'État et leurs équipes de négociateurs ont été incapables, cependant, de s'entendre sur le sujet qui va retenir l'attention pendant des années encore. La question des devises et des déséquilibres mondiaux entre des pays comme la Chine et les États-Unis — le premier exporte et épargne, le deuxième importe et s'endette — n'a débouché que sur un diagnostic consensuel.

«C'est vrai que nous n'avons pas, ici, réglé vraiment le problème des taux de change. Ce n'est pas quelque chose de très facile à faire, a dit le premier ministre Stephen Harper à l'issue de la réunion. La crédibilité du G20 dépendra des résultats et des mesures concrètes. Il faut éviter l'attitude du chacun pour soi.»

Les États-Unis, par exemple, voudraient que la Chine stimule la consommation à l'intérieur de ses frontières et laisse sa monnaie prendre de la valeur au lieu de ne servir qu'à rendre ses exportations attrayantes. Mais Washington a essuyé une série de critiques cette semaine pour la décision de la Fed de racheter jusqu'à 600 milliards en obligations gouvernementales auprès des banques afin de les inciter à prêter. Cela va contribuer à maintenir le dollar à un niveau faible, déformant le marché des devises, selon ces critiques.

Oui aux normes bancaires

Les pays du G20 ont notamment cautionné la réforme bancaire de Bâle III, au sujet du coussin financier exigé aux banques, et la réforme du Fonds monétaire international. Ils se sont entendus, aussi, à propos de l'objectif consistant à répartir les bénéfices d'une croissance économique mondiale pas seulement aux pays avancés, mais aux pays en développement.

Toutefois, sur le sujet du jour, tout au plus ont-ils reconnu le phénomène des déséquilibres et se sont-ils engagés à en déterminer les causes et les manières de les réduire. «Ces grandes lignes directrices, composées d'une gamme d'indicateurs, agiraient comme mécanisme devant faciliter l'identification de déséquilibres commerciaux qui demandent des gestes préventifs et correctifs», peut-on lire dans le communiqué final.

L'objectif défini est de procéder à cette analyse dans la première moitié de 2011. «Une fois que des règles sont en place et qu'elles braquent les projecteurs sur les pays qui affichent de gros excédents commerciaux, les tensions politiques pourraient augmenter», a averti hier l'équipe d'économistes de la Banque TD dans une note aux clients. «Nous ne sommes pas optimistes au sujet de la vitesse à laquelle ces déséquilibres pourraient être aplanis», a ajouté la TD.

«C'est un G20 pour rien. Simplement, tant qu'on discute, on ne se fait pas la guerre», a résumé l'économiste Elie Cohen auprès de l'Agence France-Presse.

Aucun engagement chinois

Le président chinois, Hu Jintao, déterminé à ne pas mettre en péril la croissance de son pays, a présenté à ses homologues son propre plan d'action, en quatre points, dont l'objectif est d'assurer une croissance mondiale «forte, durable et équilibrée», sans aucun engagement concret sur une réduction des formidables excédents chinois.

Il s'était engagé jeudi devant Barack Obama à continuer sur la voie d'une réévaluation du yuan, réclamée avec insistance par Washington. Mais, a-t-il averti, cela ne pourra se faire que dans un «environnement extérieur favorable» et de manière progressive.

De son côté, le président américain a affirmé hier après le sommet que le yuan «est sous-évalué». «Et la Chine dépense beaucoup d'argent pour intervenir sur le marché et pour le garder à ce niveau de sous-évaluation.»

À l'issue du sommet, le président français, Nicolas Sarkozy, a pris la présidence du G20.

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Avec l'AFP

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