Le G20, à Séoul - Les tensions subsistent

Le président américain, Barack Obama, et le président chinois, Hu Jintao, se serrent la main lors d’une rencontre en tête-à-tête en marge du sommet du G20.
Photo: Agence Reuters Jim Young Le président américain, Barack Obama, et le président chinois, Hu Jintao, se serrent la main lors d’une rencontre en tête-à-tête en marge du sommet du G20.

Les pays du G20 poursuivent aujourd'hui à Séoul un sommet dans un climat orageux, sur fond de guerre des monnaies et de tensions entre pays excédentaires et déficitaires sur le plan commercial, principalement entre la Chine et les États-Unis.

Preuve que ce cinquième sommet se déroule sur fond de discorde, le président Obama a fait face à un déluge de critiques avant même son arrivée à Séoul. Plusieurs pays, dont la Chine et l'Allemagne, ont accusé Washington de faire preuve d'égoïsme en faisant tourner la planche à billets, injectant 600 milliards de dollars supplémentaires, favorisant ainsi la faiblesse du dollar au détriment de leurs économies.

Cette politique vise à «stimuler la croissance» aux États-Unis, «mais aussi à l'étranger», a rétorqué Barack Obama. La veille, il avait déjà assuré qu'une forte reprise américaine était «la meilleure contribution» que son pays pouvait faire à la croissance mondiale. Mais il est «difficile de faire ça si nous commençons à voir les importants déséquilibres économiques qui ont contribué à la crise se développer à nouveau», a-t-il également averti.

La première puissance économique mondiale entendait donc limiter les excédents des puissances exportatrices, Chine et Allemagne en tête, mais a été contrainte de renoncer à des objectifs chiffrés devant les critiques de Pékin et de Berlin. Le Groupe des 20 — qui rassemble grands pays industrialisés et puissances émergentes comme la Chine et le Brésil — pourrait du coup déboucher au mieux sur un accord a minima demandant au Fonds monétaire international d'élaborer des directives pour réduire les écarts entre pays déficitaires et excédentaires.

M. Obama a souhaité que le communiqué final du sommet, qui a fait l'objet d'âpres négociations au niveau ministériel, «commence à mettre en place des mécanismes qui nous aideront à déceler et à encourager une telle croissance équilibrée et durable». Au moment de mettre sous presse, les représentants des différents pays n'étaient toujours pas parvenus à s'entendre sur la déclaration commune devant être rendue publique aujourd'hui.

Lors d'une rencontre bilatérale avec M. Obama, le président chinois, Hu Jintao, s'est engagé de son côté à continuer sur la voie d'une réévaluation du yuan, réclamée avec insistance par Washington. Mais, a-t-il averti, cela ne pourra se faire que dans un «environnement extérieur favorable» et de manière progressive. Mercredi, il s'était montré plus critique en appelant les États-Unis à «prendre leurs responsabilités et à faire face à leurs propres problèmes».

La chancelière allemande, Angela Merkel, a pour sa part demandé que le G20 s'engage fermement contre le protectionnisme, que plusieurs pays redoutent dans le sillage d'une guerre des monnaies. «Il y a des craintes que nous soyons bel et bien entrés dans des dévaluations compétitives nous rappelant la Grande Dépression» des années 1930, a prévenu le premier ministre japonais, Naoto Kan.

Le président brésilien sortant, Luiz Inacio Lula da Silva, s'est montré tout aussi dramatique en jugeant que le monde courait «à la faillite» si les pays riches ne relançaient pas davantage leur demande intérieure, au lieu de privilégier les exportations.

Dans les rues de la capitale sud-coréenne, 3000 manifestants ont défilé contre la tenue du sommet, étroitement encadrés par des milliers de policiers.

Faisant écho aux inquiétudes des protestataires, les responsables d'organisations non gouvernementales cherchent à alerter chefs d'État, ministres, fonctionnaires et lobbyistes qu'ils croisent dans l'immense centre des congrès de Séoul. «Ils ne doivent pas oublier que les pauvres, qui ne sont pas responsables de la crise, en sont les principales victimes, a rappelé Gary Hobbs, directeur d'Oxfam. Des millions de personnes sont tombées dans la pauvreté à cause de la crise et elles sont maintenant confrontées à ces conséquences: les réductions de budget dans l'éducation, la santé et les dépenses sociales.»

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Avec l'AFP et AP

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