Amiante - Mine Jeffrey pourrait passer à des intérêts indiens

Un morceau d’amiante. Des intérêts indiens ont déposé une offre d’achat pour Mine Jeffrey.
Photo: Agence France-Presse (photo) Mychele Daniau Un morceau d’amiante. Des intérêts indiens ont déposé une offre d’achat pour Mine Jeffrey.

Nouvel espoir à Asbestos. Un groupe d'investisseurs indiens vient de déposer une offre d'achat de Mine Jeffrey. De quoi susciter un optimisme prudent du côté de la direction et des travailleurs de la mine, alors qu'on cherche toujours à obtenir une garantie de prêt de 58 millions de dollars de la part du gouvernement du Québec pour relancer l'extraction d'amiante chrysotile.

Selon les informations disponibles au sujet de cette offre d'achat confidentielle, le consortium souhaiterait acquérir la totalité des actions de l'entreprise. Les investisseurs fourniraient alors les 15 millions exigés par Québec pour compléter le financement de 73 millions nécessaire pour redémarrer pour de bon l'exploitation de la mine. Le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac, en a fait une condition sine qua non avant l'octroi d'une garantie de prêt par le gouvernement.

Le ministre a toutefois posé d'autres conditions préalables avant de présenter le dossier au Conseil des ministres. Il a notamment demandé à ce que les employés signent une nouvelle convention collective, ce qui a été fait. Mais il a également exigé des assurances en ce qui a trait à l'utilisation sécuritaire de l'amiante chrysotile.

L'attachée de presse du ministre Gignac, Jolianne Pronovost, a souligné hier que le dépôt d'une offre d'achat constituait un développement «non négligeable». Mais elle a aussi précisé que le ministère devait l'«analyser». Aucune décision n'a encore été prise quant à une éventuelle garantie de prêt à l'entreprise.

Le président de Mine Jeffrey, Bernard Coulombe, est d'ailleurs demeuré prudent quant à la suite des choses. En entrevue au quotidien La Tribune, il a en outre précisé que des discussions avaient lieu avec trois partenaires éventuels intéressés à la relance des activités. Mais les discussions les plus soutenues auraient lieu avec les investisseurs indiens. «On se concentre sur cette offre et les conditions qui l'accompagnent, une offre valable jusqu'au 19 octobre prochain», a-t-il dit. Il n'a pas été possible de lui parler hier pour obtenir plus de détails.

Du côté de la Coopérative des travailleurs — qui détient 35 % des actions de l'entreprise minière —, on planifierait la tenue d'une assemblée générale afin de discuter de l'offre sur la table. Le maire d'Asbestos, Hugues Grimard, a pour sa part salué la nouvelle du dépôt de cette offre d'achat. Selon lui, le développement des activités de la mine engendrerait des retombées financières susceptibles de faciliter la diversification et la croissance économique de la ville.

Mine Jeffrey doit se trouver des partenaires financiers disposés à investir 15 millions dans ce projet évalué à 73 millions, ce qui pourrait permettre à l'entreprise d'obtenir une garantie de prêt de 58 millions du gouvernement du Québec. Ce projet, s'il va effectivement de l'avant, pourrait créer jusqu'à 450 emplois pour la production de 200 000 tonnes d'amiante chrysotile par année, essentiellement destinées à l'exportation vers l'Asie.

Mais l'exploitation de l'amiante chrysotile suscite de très nombreuses critiques ici et sur la scène internationale. La Société canadienne du cancer (SCC) a par exemple exhorté le gouvernement Charest à ne pas apporter un soutien financier à la réouverture d'une mine d'amiante. L'organisme estime qu'accorder une garantie de prêt à Mine Jeffrey nuirait à la réputation du Canada comme chef de file international en matière de santé publique. Selon la SCC, la reprise des activités d'extraction et d'exportation de la mine contribuerait à propager l'épidémie de cancers causés par l'amiante, qui font 90 000 morts chaque année à travers le monde.  

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