Le G7 et le G20 se réunissent à Washington - La paix des monnaies doit être assurée

Washington — Les pays émetteurs des principales monnaies mondiales doivent faire en sorte que la «guerre des monnaies» n'ait pas lieu car un tel conflit ne ferait que des perdants, a déclaré hier Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro.
«Les [pays des] principales monnaies doivent faire en sorte qu'il n'y ait pas de place pour une guerre des monnaies», a-t-il dit lors d'un entretien avec Reuters. «Il n'y aurait que des perdants. Je ne vois pas qui gagnerait une guerre des monnaies», a-t-il ajouté avant une réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G7, lors de laquelle les tensions liées aux changes devaient être évoquées.Il a reconnu que le G7 perdait de son importance en tant que principal organe de discussions sur les changes en faveur du G20, mais il a ajouté qu'aucune structure ne semblait idéale pour discuter des taux de changes. «Dans le cadre du G20, il y a trop de monde et trop d'intérêts pour permettre d'aboutir à un accord sur les monnaies», a-t-il dit. Il a expliqué qu'aucun débat important sur l'économie et les changes ne pouvait se tenir sans la Chine, appelée à devenir rapidement la deuxième économie mondiale derrière les États-Unis. «Le cadre idéal serait le G7 plus la Chine», a-t-il conclu.
Le premier ministre luxembourgeois a aussi expliqué que, selon lui, il n'était pas nécessaire de conclure un nouvel accord multilatéral sur les changes. «Nous sommes dans une situation totalement différente de celle des Accords du Plaza», a-t-il dit en référence à l'accord international conclu en 1985 entre la France, l'Allemagne de l'Ouest, le Japon, les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui avait abouti à une dépréciation du dollar vis-à-vis du mark et du yen via des interventions sur le marché des changes. «Il faut que les représentants des trois ou quatre grandes monnaies s'engagent dans des discussions en continu. Je ne crois pas que le moment soit propice à des accords définitifs», a-t-il poursuivi, avant de préciser que les quatre grandes monnaies étaient le dollar américain, l'euro, le yen et le yuan.
Le président de l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro a réaffirmé que le yuan était nettement sous-évalué et il a estimé que la valeur du dollar ne reflétait pas les fondamentaux de l'économie américaine. Il avait auparavant déclaré que l'euro était trop fort à 1,40 $. Ces propos constituent la première intervention verbale condamnant clairement la hausse de la monnaie unique depuis le début de son mouvement haussier en 2008.
Par rapport aux autres puissances économiques concernées directement par le débat actuel sur les changes, la zone euro a jusqu'à présent été relativement silencieuse sur le niveau des monnaies.
Pour Jean-Claude Juncker, les taux de change ne doivent pas être évoqués publiquement. «Le taux de change est un sujet que se partagent l'Eurogroupe et la BCE [Banque centrale européenne], mais la BCE n'a pas de politique de taux de change en tant que telle», a-t-il dit. «Je ne crois pas que le taux de change soit un sujet de débat public. Cela ajouterait à la nervosité des marchés et ils sont déjà très énervés. Nous devons en débattre en privé, entre principaux responsables des grandes monnaies.»