Un géant mondial de l'électricité voit le jour

GDF Suez détiendra 70 % du nouvel ensemble formé à la suite de l’acquisition de la britannique International Power.
Photo: Agence France-Presse (photo) Leon Neal GDF Suez détiendra 70 % du nouvel ensemble formé à la suite de l’acquisition de la britannique International Power.

Paris — GDF Suez va devenir numéro deux mondial de l'électricité derrière EDF en prenant le contrôle de la britannique International Power, ce qui lui permettra de se renforcer aux États-Unis et sur les marchés émergents.

L'opération annoncée hier se fera par l'apport d'actifs de GDF Suez, qui détiendra 70 % du nouvel ensemble, New International Power, contre 30 % pour les actionnaires de l'électricien britannique.

Ceux-ci recevront pour leur part un dividende exceptionnel de 1,50 $ par action en numéraire, soit un total de 2,3 milliards, dans le haut de la fourchette des estimations des analystes.

«Nous devenons par cette opération la première entreprise énergétique au monde en termes de chiffre d'affaires, nous étions deuxièmes», a déclaré le p.-d.g. de GDF, Gérard Mestrallet, à la mi-journée sur RTL. «Dans le domaine spécifiquement électrique, nous étions huitièmes au monde, et nous devenons le deuxième. De ce fait, les deux premiers électriciens mondiaux seront tous les deux français.»

L'État français détient 84,5 % d'EDF contre 35 % de GDF Suez.

EDF, no 1 mondial par le chiffre d'affaires, est déjà entré sur le marché britannique en faisant l'acquisition de British Energy en 2008.

Un rapprochement entre GDF Suez et International Power était dans l'air depuis le début de l'année, mais les négociations avaient été interrompues en mars.

Les analystes valorisent la société britannique entre 4,88 $ et 6,50 $ l'action, contre un cours actuel de l'ordre de 4,88 $. La valeur définitive du montage n'apparaît pas encore clairement, car elle comprend une composante en actifs.

GDF Suez apportera à la britannique les activités non européennes de sa branche GDF Suez Energy Europe & International, avec une dette nette de 5,4 milliards au 30 juin, pour donner naissance à New International Power, qui sera le premier producteur indépendant d'électricité dans le monde avec une capacité cumulée de plus de 66 gigawatts.

«Les termes de l'accord apparaissent bien meilleurs que prévu pour GDF Suez, mais le groupe transfère beaucoup moins de dette, donc la valeur d'entreprise est en ligne, commente sous couvert d'anonymat un analyste basé à Londres. Ma principale interrogation porte sur les synergies, celles-ci me semblent très ambitieuses.»

La dette nette, inférieure aux attentes, s'entend après le remboursement par GDF Suez de 9,5 milliards de la dette des actifs en question.

Groupes complémentaires

Les deux groupes attendent de leur alliance des synergies totales de 268 millions par an avant impôt, dont 75 % devraient être réalisées durant la deuxième année suivant le bouclage du projet.

New International Power servira à GDF Suez de plate-forme pour piloter son développement international sur les marchés des infrastructures énergétiques.

Les deux associés ont conclu en revanche un accord de non concurrence en Europe continentale tandis que les activités nucléaires resteront la prérogative exclusive de GDF Suez.

L'opération reste encore soumise au vote des actionnaires, d'International Power notamment. S'ils donnent leur feu vert, l'opération devrait être finalisée fin 2010 ou début 2011.

Invesco, premier actionnaire d'International Power, a d'ores et déjà apporté son soutien.

«La combinaison des actifs nous permet d'atteindre une position de leader dans les régions à forte croissance où les besoins énergétiques sont considérables et continueront de croître au cours des prochaines années», a déclaré Gérard Mestrallet, au cours d'une téléconférence conjointe avec Phil Cox, directeur général d'International Power et futur directeur général de New International Power.

Les deux partenaires sont forts de leur complémentarité géographique dans la production thermique au gaz d'électricité, puisqu'International Power est très présente en Asie, au Moyen-Orient, au Royaume-Uni et en Australie.

Rassurer sur la dette

Dirk Beeuwsaert, qui dirige le bras international de GDF, deviendra président non exécutif de la nouvelle entité, qui est appelée à rester cotée à la Bourse de Londres et à conserver son siège dans la capitale britannique.

International Power espère profiter du profil crédit du groupe français pour voir sa dette notée en catégorie investissement.

Le directeur financier de GDF, Gérard Lamarche, a précisé que 5,5 à 6,8 milliards de cessions d'actifs non stratégiques devraient permettre de limiter l'impact négatif de l'opération sur la dette du groupe.

Au 30 juin, la dette nette de GDF Suez est ressortie à 45 milliards hors IP, contre 41 milliards six mois plus tôt, sous l'effet de variations de périmètre et de change.

GDF Suez, qui consolidera à l'avenir les comptes de New International Power, a également annoncé hier un profit d'exploitation avant impôts supérieur aux attentes de 10,9 milliards au premier semestre et a confirmé tous ses objectifs pour 2010 et 2011.

En fin de journée, dans un marché globalement en baisse, l'action de GDF Suez cédait 0,8 % à 35,35 $ et International Power perdait 2 % à 4,88 $, affecté par des prises de bénéfices.

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