Suspension des exportations de céréales en Russie - Le FAO fait une mise en garde contre la hausse du prix du blé

Rome — L'interruption par la Russie de ses exportations de céréales en raison de la canicule a créé une situation «sérieuse» sur le marché du blé et si la flambée des prix se poursuivait, elle pourrait causer des problèmes de sécurité alimentaire dans les pays pauvres, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Cette décision «représente un élément d'instabilité sur le marché» des céréales et «une situation qui n'était pas grave est devenue maintenant sérieuse», a déclaré à l'AFP Abdolreza Abbassian, secrétaire du Groupe intergouvernemental sur les céréales de l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).Cette annonce «inattendue et très rapide» risque d'«interrompre le commerce» international des céréales provisoirement, les détenteurs de réserves tablant sur une poursuite de la hausse des prix, a-t-il ajouté.
«Bien sûr, a souligné l'expert, si les prix augmentent dans les pays pauvres et à bas revenus, cela causera certainement des problèmes, comme en 2007-2008», quand la flambée des prix des produits alimentaires (plus 53 % au cours des quatre premiers mois de 2008 par rapport à la même période de 2007) avait frappé de plein fouet les pays les plus pauvres, provoquant des émeutes de la faim en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie.
«Le problème est de savoir combien de temps la hausse des prix va durer. Pour l'instant, il est encore trop tôt pour le dire, il faut attendre deux outrois mois», a conclu M. Abbassian.
La Russie, troisième exportateur mondial de blé, a annoncé jeudi un embargo sur les exportations de blé et les produits dérivés jusqu'à la fin de l'année en raison de la canicule qui provoque l'effondrement de ses récoltes, menaçant son marché intérieur de pénurie et hausse des prix.
L'annonce du Premier ministre Vladimir Poutine a accentué la flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux, où ils ont atteint cette semaine des sommets en raison des inquiétudes sur les exportations russes.
Le premier vice-Premier ministre ruse Igor Chouvalov a d'ailleurs souligné hier que cette décision «pourrait être révisée en fonction des récoltes».
Jeudi, le prix de la tonne de blé, déjà en hausse de plus de 40 % depuis début juillet, a grimpé à 230 euros en Europe, son plus haut niveau depuis deux ans et demi.
La FAO a revu à la baisse cette semaine ses prévisions de production mondiale de blé pour 2010 à 651 millions de tonnes contre 676 millions annoncées en juin, en raison de «conditions météorologiques défavorables ces dernières semaines».
Elle a souligné que les réserves de blé restent élevées et l'offre adéquate, les stocks mondiaux étant suffisants «après deux années consécutives de récoltes record».
En dépit des problèmes chez les grands pays exportateurs, «le marché mondial du blé reste nettement plus équilibré que lors de la crise en 2007-2008, et les craintes d'une nouvelle crise alimentaire mondiale ne sont pas justifiées à ce stade», selon la FAO.