Raffinerie de Montréal-Est - Le syndicat réussit à stopper le démantèlement

Le syndicat des employés de la raffinerie montréalaise de Shell a obtenu hier une injonction provisoire de la Cour supérieure du Québec pour suspendre le démantèlement des installations.

Devant le tribunal, le syndicat a soutenu que la destruction d'une première section de la raffinerie, qui sert à la fabrication d'huiles lubrifiantes et de cire, rendrait impossible la revente des installations. «Il y a des directives qui ont été données à des employés de procéder à la perforation de tuyaux dans un des fours pour vider les tubes, a expliqué le président du syndicat, Jean-Claude Rocheleau, au cours d'un entretien téléphonique. Ils voulaient prendre une méthode rapide, ce qui aurait endommagé de façon permanente ces tubes-là.»

Dans sa décision, le juge Claude Auclair interdit à Shell de forer la tuyauterie avant d'avoir obtenu l'autorisation de la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, comme le prévoit la Loi sur les produits pétroliers.

Les employés fondent encore l'espoir que la raffinerie soit cédée au groupe israélien Delek, qui aurait proposé 420 millions pour l'acquérir. «S'il y avait vente de la raffinerie, l'acheteur aurait à débourser des sommes considérables pour remettre en service ces pièces d'équipement là», a noté M. Rocheleau.

Le comité de l'industrie de la Chambre des communes doit convoquer des dirigeants de Shell au cours des prochains jours pour leur demander de s'expliquer dans ce dossier. Le syndicat espère que ces audiences inciteront l'entreprise à relancer les pourparlers.

Le géant pétrolier européen soutient que Delek s'est retiré des négociations, mais le syndicat affirme qu'il n'en est rien.

L'injonction sera valide pendant 10 jours, mais elle est renouvelable. Une porte-parole de Shell, Nicole Belval, a assuré hier que l'entreprise s'y conformerait. Il reste que la pétrolière prévoit toujours convertir la raffinerie en terminal de stockage d'ici la fin novembre.

À Québec, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a laissé entendre que la pétrolière avait menti. «Shell, ce qu'ils ont dit, c'est «on est prêts à considérer un acheteur», a déclaré M. Bachand lors d'un point de presse à Québec. Selon toutes les informations qui sont dans les médias, il y avait des acheteurs crédibles à la porte avec des montants correspondant aux montants qui avaient été demandés par Shell et en bout de piste, Shell décide de ne pas vendre. C'est leur droit de ne pas vendre, mais ils auraient dû être francs la première journée.»

«Ils ont peut-être changé d'idée en cours de route, mais il reste qu'ils ont pris un engagement formel par écrit avec le gouvernement du Québec de favoriser la vente plutôt que la transformation en terminal», a dit Jean-Claude Rocheleau.

À voir en vidéo