Mill Road bonifie son offre pour Cossette

Les enchères poursuivent leur ascension dans la lutte sans merci pour le rachat de Cossette. Talonnée par le Groupe Cosmos, qui n'a toujours pas jeté l'éponge, la firme américaine Mill Road Capital a décidé de bonifier son offre, qui est passée hier de 7,87 $ à 8,10 $ l'action. Une décision qui a été approuvée à l'unanimité par le conseil d'administration de l'agence.

Cette nouvelle offre, a fait valoir Cossette, «représente une prime d'environ 150 % par rapport au cours des actions de 3,25 $ le 17 juillet 2009», soit le dernier jour de Bourse avant l'annonce par Cosmos de sa proposition non sollicitée visant l'acquisition de l'entreprise au prix de 4,95 $ l'action, présentée le 20 juillet.

On a également durci les conditions qui permettraient à une autre offre d'être considérée comme supérieure, puisque la définition de celle-ci prévue dans la convention de regroupement modifiée prévoit dorénavant une condition de dépôt minimale des deux tiers. Et les frais de résiliation passent de 3,25 à 4,5 millions.

«Nous sommes très satisfaits de la hausse de la contrepartie aux termes de l'opération avec Mill Road. Le conseil d'administration et son comité spécial demeurent engagés à maximiser la valeur pour les actionnaires tout en agissant dans le meilleur intérêt de Cossette», a déclaré Jean Lavigueur, président du comité spécial du conseil d'administration de l'agence, par voie de communiqué.

Le conseil a donc décidé «à l'unanimité» de recommander aux actionnaires de Cossette de voter en faveur de l'opération modifiée avec Mill Road. Il a en outre réitéré sa recommandation voulant que les actionnaires rejettent l'offre annoncée par Cosmos le 17 novembre, au prix de 7,87 $ l'action. L'opération avec Mill Road, qui attribue une valeur de près de 135,4 millions de dollars à l'entreprise, doit maintenant recevoir l'approbation des actionnaires, qui se prononceront le 18 décembre.


Au tour de Cosmos?

Avec cette offre bonifiée sur la table, les choses se corsent pour le Groupe Cosmos, dirigé par François Duffar, ex-vice-président et ex-président de l'agence, et Georges Morin, ex-vice-président principal. En annonçant récemment qu'il égalait l'offre de Mill Road, il avait insisté sur la possibilité d'aller jusqu'à 8,10 $, mais il voulait d'abord avoir accès aux données de l'entreprise. Cette demande lui a été refusée par Cossette.

En vertu de l'entente de fusion signée avec la société américaine, Cossette ne peut en effet se pencher sur une autre offre que si elle constitue une «proposition supérieure, au sens de l'entente de fusion, ou pourrait raisonnablement y mener», avait fait valoir son porte-parole, Marcel Barthe. Ce n'était pas le cas de l'offre de Cosmos, a-t-il dit.

Cosmos n'a pas voulu réagir hier. Sa porte-parole, Sylvia Morin, a indiqué que le groupe souhaitait auparavant prendre connaissance de la convention de regroupement modifiée avec Mill Road qui sera déposée auprès des autorités canadiennes de réglementation en valeurs mobilières et sera disponible sur le site canadien de SEDAR.

Chose certaine, plusieurs analystes s'attendaient à ce que le rachat de la plus importante agence de communication canadienne se fasse à plus de 7,87 $. L'action de Cossette a terminé la journée à la Bourse de Toronto à 8,02 $, après avoir atteint les 8,14 $ en cours de séance.

Marcel Barthe a par ailleurs répondu aux critiques qui se désolent de voir Cossette passer sous le contrôle d'intérêts américains. «Nous n'avons pas initié le processus, a-t-il dit. Ça peut être triste de voir Cossette passer aux mains d'actionnaires américains, mais ce serait la même chose avec le Groupe Cosmos.» Il a également rappelé que le siège social demeurerait au Québec et que la majorité des employés de l'agence sont canadiens. Surtout, a précisé M. Barthe, aucun intérêt financier québécois potentiel ne s'est montré intéressé depuis le début de cette saga.

La volonté de Cosmos de racheter l'entreprise découlerait d'une mésentente quant à la gestion de celle-ci. Une mésentente qui aurait mené aux départs de MM. Duffar et Morin, selon ce qu'a confirmé une source bien au fait du dossier. L'agence a également perdu des contrats importants — dont Bell, Molson et Le Groupe Pages Jaunes —, en plus de devoir affronter une crise économique profonde et d'assister à la diminution de la diffusion publicitaire dans les médias traditionnels.

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