Le mirage Smart

Les constructeurs automobiles — bon nombre d'entre eux, à tout le moins — ne sont pas à une contradiction près. Pour chaque modèle écoénergétique, on met sur le marché un modèle surpuissant et énergivore. C'est particulièrement frappant chez les constructeurs de voitures de luxe; en 2009, on installe des moteurs de 300, 400, 500 et même 600 chevaux dans des Audi, Mercedes, BMW... Remarquez, les marques généralistes ne font pas mieux: Toyota, grand apô-tre de la voiture verte, fabrique aussi une gamme complète de VUS et pas seulement des petits (FJ Cruiser, Sequoia). Idem pour GM, Ford et Chrysler.
Il n'y a aucune raison valable en 2009 de construire des véhicules aussi puissants qui consomment 12, 15, 18 et même 25 litres aux 100 kilomètres.Dans le rayon contradictions, les consommateurs ne sont pas mal non plus... Ils réclament à hauts cris des véhicules plus propres, qui consomment moins, mais les derniers chiffres de ventes indiquent que les Américains ET les Canadiens ont recommencé à acheter des véhicules plus énergivores, tandis que les ventes de véhicules écoénergétiques sont en baisse depuis que le prix de l'essence a baissé. La plupart des spécialistes disent que le prix de l'essence va retourner à 1,50 $ le litre d'ici peu, mais les gens sont sourds à tous ces arguments. Et devinez qui va chialer lorsque l'essence y sera de nouveau?
Dans ce contexte, la Smart fait beaucoup parler d'elle depuis deux ou trois ans, surtout lorsque le prix de l'essence augmente. Intrigué par ce petit véhicule, je me suis dit qu'il était plus que temps d'en faire l'essai. La Smart Fortwo est un petit véhicule à deux places dont le prix débute à environ 15 000 $ pour la version de base et 21 250 $ pour la décapotable.
Approche audacieuse
Ce petit véhicule est né d'un concept audacieux: celui de faire un petit véhicule abordable, sécuritaire, facile à stationner et aussi agréable à regarder qu'à conduire. Le président de la compagnie de montres Swatch, Nicolas Hayek, idéateur de la Smart, s'est associé à Daimler-Benz pour faire de ce petit véhicule un succès commercial.
Je dirais que la plus belle qualité de cette voiture est le monumental pied de nez qu'elle fait à tous ceux et celles qui sont encore coincés dans les attitudes éculées du «Think Big» de nombreux consommateurs nord-américains, qui se moquent de ce type de voiture et regardent leurs conducteurs avec condescendance. Pour l'avoir observé, beaucoup de gens considèrent qu'une Smart, c'est bon... pour une femme. Un homme qui conduit cette voiture démontre pourtant qu'il est assez intelligent pour se moquer de ces quolibets. Qu'il est «smart». Lorsque le prix du pétrole s'envolera de nouveau, ils pourront rire dans leur barbe.
Un problème majeur
Cette voiture est dotée d'une boîte de vitesses à cinq rapports qui peut fonctionner en mode automatique ou semi-automatique. C'est certainement la transmission la plus désagréable que j'ai rencontrée depuis que je conduis. Chaque changement de rapport ralentit la voiture, un peu comme si le moteur calait. Cela rend l'expérience de conduite parfois pénible. Mieux vaut s'habituer à changer les vitesses manuellement, même si cela ne règle pas complètement le problème.
À cause de cette transmission, je dois avouer que j'ai trouvé sa conduite en ville moins agréable que je ne l'aurais cru. Mais à part cela, c'est une voiture qui est facile à conduire et qui possède une tenue de route très acceptable. Sur la route, elle se comporte mieux que prévu. Elle ne s'envole pas au vent ou lorsque l'on croise un camion. Elle est assez stable, mais sa suspension est sèche. Très sèche. Bref, c'est un véhicule au comportement routier correct, mais dont le confort n'est pas la qualité première.
J'suis snob
L'espace intérieur est correct pour le dégagement des jambes, mais deux personnes le moindrement costaudes s'y sentiront à l'étroit. La finition est de qualité et son look intérieur donne presque le sentiment de se promener dans une malle griffée avec ses couleurs et son design très «bon chic, bon genre». J'avais en tête la chanson J'suis snob de Boris Vian en la regardant.
Sur la version décapotable, le système pour retirer ou remettre le toit est très efficace et rend l'expérience de cette Smart très agréable. Cependant, le peu d'espace cargo qu'elle possède en version normale est réduit à néant dans la décapotable. Il y a à peine de l'espace pour mettre deux sacs d'épicerie derrière les sièges. La vision arrière est inexistante lorsque le toit est abaissé et le rétroviseur est placé à hauteur des yeux, ce qui bloque une partie du champ de vision.
Consommation décevante
Ma moyenne de consommation a été de 5,8 litres aux 100 kilomètres en conduisant autant en ville que sur la route. C'est bon, mais pas exceptionnel. Une Toyota Prius fait mieux, même si elle est plus grosse (donc plus lourde). Comme la Smart 2010 possède maintenant un moteur à essence, elle consomme plus que l'ancienne version, qui était pourvue d'un moteur diesel. Bref, on se serait attendu à mieux de cette micro-voiture.
Conclusion
La Smart est imbattable pour quelqu'un qui n'a pas besoin de quatre places, reste en ville et trouve difficilement de l'espace de stationnement ou de circulation près de chez lui. De plus, elle est très sécuritaire, contrairement à ce que craignent plusieurs personnes inquiètes de sa petitesse.
Le hic, c'est que pour le même montant d'argent, voire moins cher, on peut se procurer une Honda Fit, une Toyota Yaris ou une Hyundai Accent qui sont plus spacieuses, assoient quatre personnes confortablement, consomment à peine plus et sont plus agréables à conduire.
*****
Le scooter électrique : brillant !
Parlant d'idée intelligente et de mode de déplacement aussi un brin BCBG, je viens de passer une semaine à conduire un scooter électrique de modèle EVT-168 avec batteries lithium-ion. Il peut se déplacer jusqu'à 60 km/h et parcourir, une fois rodé, jusqu'à 60 kilomètres avec une pleine charge. Il se recharge à 80 % en deux heures et à pleine charge en quatre heures.
Je me suis déplacé avec ce petit bijou à travers l'île de Montréal pendant plusieurs jours et suis tombé sous le charme. Ce modèle haut de gamme se vend environ 4500 $, ce qui est moins cher qu'une Vespa fonctionnant à essence. Je vous suggère fortement de faire cette expérience qui change le paradigme du transport urbain. À voir chez www.ecomoto.ca.