Jean Coutu voit la fin du cauchemar Rite Aid

Le Groupe Jean Coutu prévoit avoir ramené à zéro la valeur de son placement dans Rite Aid d'ici les deux prochains trimestres. Même s'il refuse d'y voir un échec, cette aventure américaine est de nouveau la cause de l'inscription d'une perte de 733,6 millions au dernier trimestre de l'entreprise.
Le Groupe Jean Coutu a inscrit une nouvelle perte massive à son dernier trimestre à cause de son investissement dans Rite Aid, mais le cauchemar tire à sa fin.L'entreprise longueuilloise prévoit avoir ramené à zéro la valeur de ce placement d'ici les deux prochains trimestres, a indiqué hier le président et chef de la direction, François Jean Coutu, au cours d'un entretien téléphonique. Le détaillant n'aura donc plus à inclure à ses résultats sa quote-part des pertes du géant américain de la pharmacie.
Jean Coutu a obtenu 32 % des actions de Rite Aid en vendant ses pharmacies américaines au groupe de la Pennsylvanie, en 2007. Cet investissement valait alors plus de 1,5 milliard $US. Au 28 février, la valeur de la participation, réduite à 28,4 %, avait fondu à 58,3 millions.
Malgré tout, M. Coutu ne considère pas le placement dans Rite Aid comme un échec. Quatre des 13 membres du conseil d'administration du détaillant américain ont été nommés par Jean Coutu et ce dernier n'a aucunement l'intention de liquider ses actions. L'entreprise québécoise assure qu'elle se sert de son pouvoir d'influence au conseil dans le but d'améliorer la situation.
François Jean Coutu continue donc de faire preuve d'optimisme à l'égard de Rite Aid, en s'appuyant notamment sur les changements récemment apportés à la haute direction.
«Je sens qu'il semble y avoir un renouveau dans le marché [américain] de la pharmacie qui pourrait redonner [de] la valeur à nos actionnaires», a déclaré M. Coutu. «Là, on va "focusser" un peu sur l'augmentation des ventes, donner un second souffle à l'organisation avec des magasins rénovés», a-t-il ajouté, en rappelant que l'intégration des 1800 magasins Brooks et Eckerd n'avait pas été «facile».
Une perte de 733,6 millions
Au quatrième trimestre, terminé le 28 février, Jean Coutu a essuyé une perte nette de 733,6 millions (3,11 $ par action), comparativement à une perte nette de 269,2 millions (1,08 $ par action) enregistrée pendant la même période de l'année précédente. La quote-part de la perte de Rite Aid que Jean Coutu a dû inscrire à ses livres au quatrième trimestre s'est élevée à 768,8 millions, soit plus du double des 332,1 millions enregistrés il y a un an.
Jean Coutu a aussi dû déprécier de 3,4 millions additionnels la valeur de ses placements dans du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), qui valaient 21,8 millions au 28 février.
Le bénéfice d'exploitation a atteint 61,5 millions, en hausse de 8,9 % par rapport aux 56,5 millions dégagés l'an dernier. La marge bénéficiaire a toutefois reculé, passant de 9,2 à 8,9 %, à cause de la baisse des prix des médicaments et de promotions liées au 40e anniversaire du détaillant.
Quant aux revenus, ils se sont élevés à 607,2 millions, en hausse de 9,8 %. Tous les segments, sauf ceux des médicaments et de la photo, ont enregistré des hausses supérieures à celles d'il y a un an. Il faut dire que les importantes chutes de neige avaient nui aux résultats de l'année dernière. «En ce moment, je dirais que l'économie n'a pas vraiment d'impact sur nos ventes», a affirmé François Jean Coutu, en soulignant que les gens ne s'empêchaient pas d'aller à la pharmacie quand ils sont malades. Confiant en l'avenir, le détaillant a annoncé une augmentation de 12,5 % de son dividende trimestriel, qui sera désormais de 18 ¢ par action.
Uniprix
L'échec de la vente d'Uniprix à l'américain McKesson est de bon augure pour Jean Coutu, a convenu le p.-d.g. Au cours de l'exercice terminé le 28 février, l'entreprise a rallié entre 20 et 30 pharmacies indépendantes, un bon score que M. Coutu croit possible de dépasser en 2009-10. La valeur des pharmacies québécoises reste élevée, ce qui pourrait motiver des propriétaires déçus de la tournure des événements chez Uniprix à vendre à Jean Coutu.
Par ailleurs, afin de contrer la poussée de Pharmaprix au Québec, Jean Coutu poursuivra son programme de modernisation. En 2008-09, le détaillant a ouvert 22 nouvelles pharmacies, en a relocalisé 11 autres et en a rénové ou agrandi 28, pour une augmentation de 7,5 % de sa superficie totale. Au cours de l'exercice en cours, l'entreprise compte accroître sa superficie de 8,5 à 9 % en ouvrant 14 nouveaux établissements, en en relocalisant 11 et en en rénovant ou en agrandissant 58 autres.
«Nous oeuvrons dans un marché qui est en progression, ce que peu d'autres détaillants ou entreprises peuvent dire», s'est félicité François Jean Coutu.
Pour l'ensemble de l'exercice 2008-09, la perte nette de Jean Coutu s'est élevée à 1,19 milliard (4,92 $ par action), alors qu'elle s'était chiffrée à 257,8 millions (1 $ par action) l'an dernier. Les revenus annuels ont crû de 6,5 % pour atteindre 2,37 milliards.