Les patrons de Chrysler proposent d'éliminer l'assurance vie et d'autres avantages

Toronto — Chrysler pourrait réduire ses coûts de main-d'oeuvre en éliminant l'assurance vie accordée aux employés et la protection consentie pour les soins de santé effectués à l'extérieur de la province, ainsi qu'en coupant certains avantages sociaux, notamment le remboursement des frais de service de garde d'enfants et des services juridiques, affirment les dirigeants de l'entreprise.
Dans un courriel acheminé aux employés, le président de Chrysler, Tom LaSorda, et le chef de la direction, Bob Nardelli, ont suggéré diverses avenues pour diminuer les coûts de main-d'oeuvre. Parmi elles, Chrysler propose d'accroître les tarifs reliés à l'achat de médicaments sur ordonnance et les primes reliées aux soins de santé, et de réduire les primes de quarts de travail ainsi que les prestations allouées aux travailleurs nécessitant une hospitalisation. Chrysler prône également la disparition de soi-disant «bénéfices non traditionnels», incluant le remboursement des droits de scolarité, l'octroi de bourses d'études aux personnes à charge et la protection complémentaire en matière de soins de santé.«Malheureusement, le syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile [TCA] s'oppose à ces solutions», ont écrit MM. LaSorda et Nardelli dans le courriel, envoyé hier. «Cependant, nous sommes ouverts à de nouvelles idées.»
Selon les estimations des dirigeants de Chrysler, ces mesures permettraient à l'entreprise d'épargner 8,24 $ par heure travaillée. Toutefois, ils affirment devoir réduire de 19 $ l'heure la rémunération des travailleurs afin de tenir tête aux usines non syndiquées au Canada. Ainsi, de nouvelles coupes — incluant des réductions salariales — seront vraisemblablement déposées à la table de négociations lors de la reprise des pourparlers, lundi.
«Bien que nous ayons réalisé certains progrès avec les TCA, nous avons encore du chemin à faire pour pouvoir combler l'écart de 19 $», indique le courriel. «Et pourtant, pas plus tard que mercredi de cette semaine, les TCA ont continué d'ignorer les avis du gouvernement et affirment qu'ils n'en feront pas davantage. Ce manque de volonté de travailler à l'intérieur des cadres gouvernementaux menace l'avenir de Chrysler et nos activités au Canada», ajoutent MM. LaSorda et Nardelli.
Dans un entretien accordé hier à la CBC, le président du local 444 des TCA, Rick Laporte, a affirmé que Chrysler tentait de prendre avantage des travailleurs qui craignent de perdre leur emploi même si les coûts de main-d'oeuvre ne représentent qu'une petite partie des problèmes de l'entreprise. «Cette crise rend les travailleurs de l'automobile très nerveux et irritables», a déclaré M. Laporte. «Voilà maintenant que l'entreprise tente d'ébranler le comité de négociations. Dans les usines, les travailleurs sont passés d'effrayés et nerveux à furieux.»
Dans un geste de provocation, hier, des employés de Windsor ont mis le feu à des copies du courriel.
De son côté, le premier ministre ontarien Dalton McGuinty a suggéré aux dirigeants de l'entreprise et aux leaders syndicaux de garder leur sang-froid pendant les négociations. «Ce défi, ici, en Ontario, au Canada et même en Amérique du Nord, est imposant, a rappelé M. McGuinty, et le premier conseil que je donnerais aux deux parties serait d'alléger le climat.»
M. McGuinty dit comprendre la position des TCA, mais il a demandé au syndicat de bien soupeser ses options. «Je respecte leurs arguments, mais d'un autre côté, le syndicat doit analyser les alternatives qui s'offrent à lui parce qu'elles ne sont pas nombreuses», a-t-il ajouté.
Chrysler subit des pressions grandissantes de la part du gouvernement fédéral et du constructeur Fiat, un partenaire potentiel, afin de réduire ses coûts de main-d'oeuvre à un niveau lui assurant d'être concurrentiel avec les usines canadiennes de Toyota et Honda.
L'entreprise a jusqu'à la fin du mois pour conclure une entente avec ses syndicats et concrétiser son alliance avec Fiat afin de toucher des prêts d'urgence à long terme des gouvernements au Canada et aux États-Unis.
Si Chrysler échoue, l'entreprise pourrait devoir déclarer faillite et procéder à une liquidation, poussant ainsi de milliers de Canadiens au chômage.