François J. Coutu reste imperturbable
François J. Coutu, président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu, s'est montré imperturbable hier midi au déjeuner du Cercle finance et placement du Québec, malgré la situation de Ride Aid et une concurrence accrue au Québec.
Tout d'abord, il y a l'annonce faite cette semaine par McKesson Canada de présenter une offre d'achat d'Uniprix qui regroupe 375 pharmacies indépendantes au Québec. Il s'agit d'une offre de 1,6 milliard. Pourquoi le Groupe Jean Coutu n'a-t-il pas fait une offre pour Uniprix en vue d'augmenter de façon importante sa part de marché au Québec? M. Coutu a répondu à cela que l'acquisition d'Uniprix par McKesson, qui est déjà le grossiste reconnu des pharmacies Uniprix depuis 30 ans, ne change absolument rien pour son groupe. «Ça ne représente pas un nouveau joueur pour nous, mais c'est bon pour McKesson», a-t-il dit, en expliquant qu'en tant que grossiste, McKesson veut préserver le marché qu'il détient auprès des pharmacies Uniprix.Contamination
Par ailleurs, il a souligné qu'en faisant une telle acquisition, le Groupe Jean Coutu irait à l'encontre de son histoire, qui consiste à faire surtout son argent comme distributeur pour des pharmacies qui sont des franchises. «Ce serait peut-être un bon coup commercial à court terme, mais qui viendrait contaminer ce qu'on a fait depuis 40 ans», a-t-il expliqué. La contamination proviendrait alors d'une concurrence réelle ou anticipée de ces nouvelles pharmacies acquises qui appartiendraient au groupe et qui pourraient être considérées comme des rivales des pharmacies en franchise. Le réseau du groupe compte présentement 348 pharmacies en franchise, y compris quelques-unes appartenant à MM. Coutu, père et fils.
Secundo, en ce qui concerne les investissements importants que Shoppers Drug Mart fait dans son réseau québécois qu'est Pharmaprix, M. Coutu répond que cette chaîne canadienne domine partout au Canada, sauf au Québec. Selon lui, il y a encore beaucoup de place au Québec pour des pharmacies de grande surface. Il ajoute que l'offensive de Pharmaprix va affecter les pharmacies de petite surface, notamment celles qui appartiendraient à McKesson. Les pharmacies Jean Coutu, dit-il, sont celles qui sont les plus proches des gens; elles ont beaucoup d'avance sur les autres.
Pour ce qui est de Rite Aid, M. Coutu avoue que cette chaîne américaine, dans laquelle le Groupe Jean Coutu détient une participation de 30,4 %, «navigue en eaux troubles», c'est-à-dire qu'elle est très endettée, qu'elle trime dur pour intégrer 1800 pharmacies et qu'elle se retrouve dans une période économique très difficile. Les actionnaires du Groupe Jean Coutu doivent donc se montrer très patients à propos de cet investissement de 2,3 milliards qui a perdu une grande partie de sa valeur. M. Coutu avance que les actionnaires ont déjà noté cette dévaluation dans le titre du Groupe Jean Coutu et que tout progrès qui pourra venir dans le futur donnera une valeur ajoutée à ce titre, en espérant toujours une réforme du système de santé aux États-Unis.