Ryanair veut dominer le ciel européen d'ici 2005

Londres — La compagnie aérienne irlandaise à bas prix Ryanair, qui vient de racheter sa rivale néerlandaise Buzz, espère devenir en 2005 la première compagnie aérienne d'Europe pour le trafic, devant les compagnies traditionnelles comme Lufthansa, British Airways et Air France.

«Nous pensons que d'ici à deux à trois ans, nous serons la compagnie aérienne qui transportera le plus de passagers», a assuré le directeur général Michael O'Leary lors d'une conférence de presse. «Il se peut même que nous atteignions ce seuil des 30 millions de passagers avant 2005», a-t-il ajouté, en présentant les résultats trimestriels de sa compagnie.

Ryanair a annoncé hier avoir dégagé au troisième trimestre de l'exercice 2002-03 un bénéfice net en hausse de 50 %, à 43,2 millions d'euros. Le chiffre d'affaires s'est établi à 185,9 millions d'euros, en hausse de 37 % sur cette période achevée fin décembre.

Pour devancer les compagnies traditionnelles comme British Airways ou Lufthansa, Michael O'Leary n'entend pas dévier de la stratégie qui fait de Ryanair, la petite compagnie créée en 1985 par le milliardaire Tony Ryan, un nouveau modèle économique. «Nous croyons toujours au "cercle vertueux" qui a fait notre succès: bas tarifs, nombre de passagers en forte progression, marge plus forte qu'aucune autre compagnie», a résumé M. O'Leary, habillé comme toujours d'un jean, de baskets usés et d'un polo de rugby aux couleurs (bleu, jaune et noir) de sa compagnie aérienne.

«Notre marge cette année a été supérieure à 30 %. C'était une année exceptionnelle. C'est pourquoi nous tablaons sur un chiffre compris entre 20 et 25 % dans les quatre années à venir», a prédit le directeur général de Ryanair et plus grosse fortune d'Irlande à 41 ans.

Rachat de Buzz

Racheté la semaine dernière pour 23,2 millions d'euros à la compagnie néerlandaise KLM, Buzz va ainsi passer à la moulinette Ryanair, avec pour objectif de doubler le trafic de passagers pour l'amener à quatre millions contre deux millions en 2002. «Environ 100 des 500 emplois devraient être supprimés. Le développement de la base de Bournemouth [dans le sud de l'Angleterre] est abandonné. Les liaisons intérieures opérées par Buzz en France sont supprimées», a détaillé M. O'Leary.

Autre volet de la restructuration entreprise par la compagnie irlandaise, l'abandon des créneaux d'atterrissage sur les aéroports de Roissy-Charles de Gaulle, Francfort et Amsterdam. «Roissy-Charles de Gaulle ne nous intéresse pas: on ne peut pas y effectuer une rotation en moins de 25 minutes comme on le fait ailleurs», a souligné le patron de Ryanair.

Ryanair a d'ores et déjà annoncé qu'il allait remplacer la flotte de BAE-146 de Buzz, dont le coût opérationnel est trop important, par des Boeing 737, plus modernes et moins onéreux.

«On ne va pas repeindre les avions Buzz aux couleurs de Ryanair: cela serait gaspiller de l'argent. Il nous semble plus important et efficace de baisser les prix pour attirer de nouveaux passagers, a-t-il ajouté. Buzz utilisait les avions les plus merdiques sur les aéroports les moins adaptés avec un personnel trop important», a résumé avec son franc-parler M. O'Leary.

À court terme, Ryanair va miser sur l'Espagne pour assurer sa croissance en passagers, mais la compagnie irlandaise limite pour l'instant ses ambitions à l'Europe occidentale.

«Notre ambition est toujours de concurrencer et de tailler des croupières aux grosses et chères compagnies européennes. Là, nos marges sont importantes», a conclu M. O'Leary, qui «examinera sa situation personnelle» lorsque sa compagnie dominera le ciel européen.

À voir en vidéo