Marchés boursiers - La finance fait reculer les marchés

Le principal indice de la Bourse de Toronto a terminé la séance d'hier en baisse, le secteur financier ayant retraité en raison des inquiétudes liées au marché hypothécaire américain, anéantissant ainsi les gains d'un secteur énergétique stimulé par un nouveau record du cours du baril de pétrole brut.

Les inquiétudes se sont surtout articulées autour de l'avenir des sociétés hypothécaires américaines Freddie Mac et Fannie Mae, qui ont lourdement pesé sur les places new-yorkaises, tandis que les investisseurs ont semblé se décourager devant la nouvelle hausse des prix du pétrole.

L'indice composite S&P/TSX a connu par moment des hausses de plus de 100 points au cours de la journée, pour finalement clore avec un gain de 34,78 points, à 13 709,10 points. Sur l'ensemble de la semaine, le parquet torontois a rendu 300 points, soit 2,3 %. À New York, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a reculé de 128,48 points à 11 100,54 points. Elle a passé un moment de la journée sous la barre des 11 000 points, une première en deux ans.

L'indice composite Nasdaq a retraité de 18,77 points à 2239,08 points tandis que l'indice S&P 500 a perdu 13,9 points à 1239,49 points.

Se préparer au pire

Coincée entre la flambée historique du pétrole et le spectre de faillite planant sur les deux piliers du refinancement hypothécaire américain Freddie Mac et Fannie Mae, Wall Street se prépare au pire au moment de découvrir les résultats «empoisonnés» des grosses banques. «Les mauvaises nouvelles s'accumulent, c'est un sentiment de pessimisme général qui règne», confie Lindsey Piegza, analyste au cabinet FTN Financial.

Pour la première fois depuis deux ans, l'indice vedette Dow Jones est, brièvement, descendu sous le seuil psychologique des 11 000 points cette semaine. Il est désormais à plus de 21 % de son record — de 14 198,10 points — atteint le 11 octobre. Scénario identique pour l'indice S&P 500 dont le plus haut est de 1576,09 points, inscrit également le 11 octobre. La première place financière du monde est ainsi entrée dans une phase de «Bear Market», définie communément par une chute de plus de 20 % des indices par rapport à leurs pics.

Sur la semaine, le Dow Jones a reculé de 1,7 % tandis que le S&P 500 a lâché 1,9 %. L'indice Nasdaq, à forte composante technologique, a enregistré pour sa part sa sixième semaine de baisse consécutive en perdant 0,3 %.

Devant ce tableau peu reluisant, les marchés s'interrogent sur le devenir de Fannie Mae et Freddie Mac, dont les actifs représentent plus d'un tiers du PIB américain. Un sauvetage d'urgence des deux groupes par les autorités fédérales pourrait ramener la stabilité, plaident certains. «Freddie Mac et Fannie Mae ne sont pas des institutions financières traditionnelles. Leurs activités touchent des pans essentiels de l'économie», avance Gregori Volokhine de Meeschaert Capital Market.

Les grandes banques vont aussi commencer à annoncer cette semaine leurs résultats trimestriels, qui risquent de se traduire par de nouvelles pertes: Wells Fargo est attendue mercredi, JPMorgan Chase et Merrill Lynch jeudi et Citigroup vendredi. Pour M. Volokhine, les institutions financières doivent répondre aux questions suivantes: de combien de capitaux ont-elles encore besoin pour restaurer leurs bilans? Comment redevenir rentable quand leur activité est liée aux emprunts immobiliers à risque, comme pour Lehman Brothers?

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