Fannie Mae et Freddie Mac - Deux géants au coeur de l'immobilier américain

Freddie Mac, tout comme Fannie Mae, sont des sociétés privées qui ne sont pas liées formellement à l’État américain, mais qui disposent d’une ligne de crédit garantie par ce dernier.
Photo: Agence Reuters Freddie Mac, tout comme Fannie Mae, sont des sociétés privées qui ne sont pas liées formellement à l’État américain, mais qui disposent d’une ligne de crédit garantie par ce dernier.

Washington — Les deux piliers du refinancement immobilier aux États-Unis, Freddie Mac et Fannie Mae, aujourd'hui au coeur d'une tempête boursière, assurent depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit immobilier américain en rachetant des prêts aux banques.

De leurs vrais noms Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac), les deux établissements sont des sociétés privées qui ne sont pas liées formellement à l'État américain mais disposent d'une ligne de crédit garantie par ce dernier.

Cette facilité leur permet d'emprunter de l'argent sur le marché à des taux bien plus faibles qu'une banque. Tous deux usent de cette capacité pour remplir leur mission, à savoir racheter des prêts immobiliers aux établissements de crédit qui les ont souscrits.

En se portant acquéreurs de ces prêts, Fannie Mae et Freddie Mac permettent aux établissements de crédit de s'en décharger et de pouvoir ainsi souscrire de nouveaux prêts. Ils garantissent ainsi le maintien d'une offre de crédit à des conditions plus favorables que si le marché se régulait seul.

Aucune des deux sociétés ne consent directement des prêts à des particuliers.

Le véritable essor des deux géants remonte au début des années 70. Créé en 1938, en tant qu'établissement public, sous l'impulsion du président américain Franklin Roosevelt, pour contribuer à sortir de la Grande Dépression, Fannie Mae est passé sous statut privé en 1968. Freddie Mac est lui né d'une loi votée par le Congrès en 1970.

Depuis, leurs portefeuilles de prêts ont crû à un rythme très soutenu, celui de Freddie Mac faisant plus que tripler entre 1995 et 2007.

À fin mai, leurs engagements atteignaient au total 5200 milliards de dollars, soit un tiers de la capitalisation de la Bourse de New York et plus d'un tiers du Produit intérieur brut américain.

Le rayon d'action des deux organises a été nettement étendu grâce à la titrisation, procédé qui permet de transformer des créances en obligations pour les vendre ensuite aux investisseurs.

Freddie Mac est ainsi à l'origine de la première émission obligataire, en 1971, de titres adossés à des prêts immobiliers («Mortgage-backed securities»). L'an dernier, ces titres ont été le principal moteur de la propagation de la crise des crédits immobiliers à risque, dits subprimes, aux marchés financiers.

Malgré la taille de leurs actifs, Fannie Mae et Freddie Mac ont longtemps fait preuve d'une certaine opacité dans leur gestion, laquelle a été sévèrement critiquée, avant d'amorcer un redressement ces dernières années.

Fin 2004, Fannie Mae avait été reconnu coupable par l'autorité américaine des marché (SEC) d'avoir manipulé ses comptes sur des produits dérivés, l'obligeant à rembourser neuf milliards de dollars.

Une loi votée en 1992 prévoit que si le niveau des fonds propres de l'un ou l'autre des deux établissements est jugé insuffisant par les autorités, celles-ci sont susceptibles de le placer sous tutelle.

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