Étude d'Ernst & Young - Les compagnies privées sont plus performantes que les publiques
Les compagnies détenues par des investisseurs privés se révèlent plus performantes que les entreprises cotées en Bourse, selon une étude d'Ernst & Young.
Le taux de croissance de la centaine de sociétés privées de partout dans le monde étudiées par la firme de consultants a atteint 24 % en 2007, soit le double de la moyenne (12 %) des sociétés dites publiques ou ouvertes. Ces sociétés privées ont également affiché de meilleurs bénéfices (16 % contre 10 %) et une meilleure croissance de la productivité (12 % contre 8 %), rapporte l'étude, qui a été dévoilée mercredi et dont les deux éditions précédentes étaient arrivées sensiblement aux mêmes résultats.«Les faits recueillis permettent de contredire les mythes persistants voulant que le succès des entreprises détenues par des investisseurs privés tienne principalement à l'accès à du crédit facile et à des coupes dans les dépenses», y souligne-t-on. En fait, la hausse de leurs profits en 2007 était d'abord et avant tout attribuable à l'augmentation de leurs revenus (52 %), puis, en deuxième seulement, à la réduction de leurs coûts de fonctionnement (34 %), suivi par de nouvelles acquisitions (13 %).
L'un des principaux facteurs de succès de ces entreprises est notamment que leurs propriétaires s'engagent à plus long terme et plus à fond qu'ils ne le feraient avec une société publique cotée en Bourse. Cela commence en prenant contact avec les gestionnaires de la compagnie avant même d'y investir. Cela se poursuit ensuite avec l'adoption de plan d'affaires «ambitieux, mais aussi réaliste», avec la mise en place de structures décisionnelles et opérationnelles plus efficaces, où notamment les gestionnaires sont choisis pour leurs compétences et incités à diriger l'entreprise comme si c'était la leur.
Certains observateurs se sont inquiétés ces dernières années devant l'augmentation du nombre d'entreprises retirées des marchés boursiers pour être vendues à quelques grands investisseurs privés. Ces «privatisations» étaient assimilées à une perte de transparence de l'économie parce que les entreprises concernées ne sont plus obligées, par exemple, de produire des rapports trimestriels et annuels, d'organiser des assemblées publiques d'actionnaires ou encore de dévoiler la rémunération de leurs dirigeants. D'autres, au contraire, pensent que c'est une bonne chose, notamment parce que cela permet aux entreprises de se libérer de la gestion à court terme imposée par la «dictature des résultats trimestriels».
D'autres Bell Canada
L'étude d'Ernst & Young s'est basée sur les résultats des 100 sociétés privées ayant fait l'objet des plus importantes ventes de parts durant l'année dans le monde et les a comparés aux grands indices boursiers. La firme de consultants dit s'attendre dans les prochains mois à ce que la hausse des coûts de crédit et le ralentissement économique viennent tempérer ce type d'activité. Celui-ci devrait toutefois reprendre de plus belle aussitôt que la situation économique s'améliorera.
L'exemple le plus connu de privatisation d'entreprise au Canada est la récente vente de BCE à un consortium d'investisseurs composé du régime de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers) et de deux fonds privés américains.
«Les caisses de retraite américaines ont une plus longue expérience dans ce genre de placements et y allouent proportionnellement une plus grande part de leurs investissements que leurs vis-à-vis au Canada», a observé hier en entretien téléphonique au Devoir François Tellier, associé des Services consultatifs transactionnels du bureau d'Ernst & Young de Montréal. Il a dit s'attendre, toutefois, à ce que les caisses de retraite canadiennes et québécoises s'intéressent de plus en plus à cette forme d'investissement, notamment parce qu'elle crée «une valeur réelle et durable».