Construction résidentielle - Les mises en chantier reculent en juin

Une analyse détaillée des données québécoises révèle un portrait double: la construction de maisons individuelles a reculé de 6 % alors que celle de logements collectifs a augmenté de 11 %.
Photo: Une analyse détaillée des données québécoises révèle un portrait double: la construction de maisons individuelles a reculé de 6 % alors que celle de logements collectifs a augmenté de 11 %.

L'activité dans l'industrie québécoise de la construction résidentielle a diminué de 11 % en juin par rapport à l'an dernier, selon les données gouvernementales suggérant une baisse dans tous les grands centres à l'exception de Sherbrooke. Dans la région de Montréal, les mises en chantier ont chuté de 20 %.

Sans être particulièrement alarmant compte tenu du fait qu'il était plus ou moins attendu, cet affaiblissement se fait tout de même sentir alors que l'économie du Québec tire à peine son épingle du jeu. Au premier trimestre, l'économie s'est repliée de 0,3 %. Pour le deuxième trimestre, les économistes prévoient généralement une croissance positive mais très faible.

«L'accalmie de la construction neuve au pays n'est certainement pas une bonne nouvelle pour la croissance économique du deuxième trimestre», a écrit le Mouvement Desjardins, qui prévoit pour le deuxième trimestre une avancée de 0,3 %. «Comme la construction résidentielle a été moins vigoureuse au deuxième trimestre, elle ne pourra pas contribuer à ramener le PIB réel en territoire positif.»

Selon l'économiste Hélène Bégin, ce sont deux autres facteurs qui devraient permettre à l'économie d'afficher une croissance positive. D'abord, croit-elle, la baisse des inventaires chez les entreprises — un phénomène qui traduit une baisse de production — devrait cesser. En deuxième lieu, les dépenses de consommation devraient reprendre de la vigueur.

Le collectif en région

La Banque Laurentienne s'est étonnée du fait que le haut niveau d'activité dans la construction de logements collectifs — qui comprend les condos et est habituellement plus fort dans la région de Montréal — s'applique de plus en plus aux autres régions du Québec.

«Même dans les régions métropolitaines de Québec, Gatineau, Trois-Rivières et Sherbrooke, où les espaces urbains sont plus nombreux qu'à Montréal, on dénote plus de construction de logements collectifs qu'individuels», a écrit l'économiste Sébastien Lavoie en analysant les données sur six mois.

«C'est un signe évocateur que de moins en moins de ménages peuvent se permettent d'acheter une maison détachée et qu'une "maison de rêve" pour une personne vivant seule, un type de ménage en forte expansion, est un condo au centre-ville plutôt qu'une maison d'une superficie de 2500 pieds carrés en banlieue», a ajouté M. Lavoie.

En 2008, a-t-il noté, il n'y a que le Saguenay où les maisons individuelles représentent toujours plus de la moitié des nouvelles constructions.

De manière générale pour le Québec, les mises en chantier ont augmenté de 4 % en première moitié de 2008 par rapport à l'an dernier. Une analyse détaillée des données révèle toutefois un portrait double: la construction de maisons individuelles a reculé de 6 % alors que celle de logements collectifs a augmenté de 11 %.

En projetant les mises en chantier de juin sur un an, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a calculé qu'elles se situeraient autour de 40 300. Au mois de mai, le rythme était un peu plus fort, soit 45 600.

Bon an mal an, la région métropolitaine de Montréal compte pour la moitié de tout ce qui se construit au Québec.

La SCHL a indiqué qu'à l'échelle du pays, le rythme en juin était de 217 800, en baisse de 4 % par rapport à mai. Ce niveau d'activité continue de surprendre par sa durée.

«Malgré le repli d'activité observé le mois dernier, le total des habitations mises en chantier reste élevé», a déclaré dans un communiqué Bob Dugan, économiste en chef au Centre d'analyse de marché à la SCHL. «Si la construction résidentielle est intense en 2008, c'est surtout grâce aux mises en chantier de logements collectifs, dont le nombre se maintient au-dessus de la barre des 100 000 depuis le début de l'année.»

Cette popularité du condo, a opiné la Banque Laurentienne, s'explique par le fait que son achat est plus facile à financer et que de plus en plus de gens vivent seuls.

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