Jean Coutu réévaluera le dossier Rite Aid à l'automne

Au Canada, le Groupe Jean Coutu a dégagé un bénéfice net de 33,2 millions. Du côté américain, l’entreprise a encaissé une perte de 53,4 millions.
Photo: Jacques Grenier Au Canada, le Groupe Jean Coutu a dégagé un bénéfice net de 33,2 millions. Du côté américain, l’entreprise a encaissé une perte de 53,4 millions.

Le Groupe Jean Coutu réévaluera à l'automne sa participation dans l'américaine Rite Aid, qui est directement responsable d'une perte nette de 20,2 millions du groupe au cours du premier trimestre de son exercice 2009.

Le président du conseil d'administration, Jean Coutu, et le président et chef de la direction, son fils François-Jean, ont indiqué aux actionnaires réunis en assemblée, hier matin à Longueuil, que l'entreprise poursuivra entre-temps son développement au Québec.

L'expansion en Ontario est également mise de côté pour l'instant, mais François-Jean Coutu a expliqué que le groupe demeurait à l'affût pour de possibles acquisitions au Canada.

Du côté américain, le groupe Jean Coutu a encaissé une perte de 53,4 millions, soit sa quote-part de la perte totale de sa partenaire américaine Rite Aid. C'est la santé du marché canadien, où l'entreprise a dégagé un bénéfice net de 33,2 millions, qui lui a permis de ramener sa perte nette à 20,2 millions. Par action, la perte nette de Jean Coutu pour le premier trimestre est de 8 ¢. Il y a un an, soit pour le trimestre terminé le 4 juin 2007, le groupe avait enregistré une perte nette de 6,4 millions, ou 2 ¢ par action.

Les revenus de Jean Coutu se sont élevés à 574,3 millions — soit pour ses activités canadiennes seulement — au cours du premier trimestre de l'exercice en cours, contre 3,26 milliards — soit 548,4 millions pour ses activités canadiennes et 2,71 milliards pour ses activités américaines — un an auparavant. Le Groupe Jean Coutu possédait encore au début de 2007 les 1850 pharmacies Brooks et Eckerd et les six centres de distribution aux États-Unis qu'il a cédés plus tard au cours de l'année à Rite Aid pour la somme de 3,9 milliards $US, soit 2,36 milliards $US en espèces et le reste en actions de Rite Aid.

Avec les actions acquises, au nombre de 250 millions, le groupe Jean Coutu est devenu actionnaire de Rite Aid à hauteur de 33 %. Il est, du coup, directement affecté par les problèmes de rentabilité de la compagnie de la Pennsylvanie. Pour son dernier trimestre complété le 31 mai, Rite Aid a rapporté une perte nette de 156,6 millions $US, ou 20 ¢US par action, alors qu'elle a continué d'investir des sommes importantes pour intégrer les pharmacies acquises de Jean Coutu.

Bien qu'il se propose de réévaluer le dossier Rite Aid à l'automne, François-Jean Coutu ne s'attend pas à y voir un retour à la rentabilité à si court terme. Il prévoit cependant être en mesure d'évaluer la progression réelle de l'entreprise, troisième chaîne de détail pharmaceutique aux États-Unis, alors que l'intégration des pharmacies Brooks et Eckerd sera complétée.

Son père a toutefois pris soin de rappeler qu'il n'y aurait aucune décision de prise en vue de favoriser le rendement à court terme, mais que l'objectif était bien de consolider l'entreprise à long terme. Il a rappelé à cet effet que malgré ses pertes actuelles, Rite Aid représente toujours un potentiel très intéressant dans le marché américain. «Même si la conjoncture à court terme a une influence sur nos résultats [...], elle ne saurait déterminer notre démarche stratégique. [...] Je n'ai jamais pris de décision pour obtenir des résultats rapides au détriment des résultats durables», a dit Jean Coutu aux actionnaires.

Pendant ce temps, au Québec, le groupe prévoit investir 115 millions au cours des 12 prochains mois dans le but d'ouvrir 13 nouvelles succursales, en déménager le même nombre et agrandir ou rénover 46 franchises.

Dans un autre dossier, Jean Coutu a clairement affirmé son intention de ne pas lâcher prise afin de récupérer la totalité des 36 millions qu'il avait confiés à la Banque Nationale et qui ont été mis en jeu dans l'aventure du papier commercial adossé à des actifs.

M. Coutu s'est montré fermement opposé à quelque compromis que ce soit, déclarant qu'il prendrait tous les moyens requis pour qu'on lui remette tout son argent.

«Nous avons confié à certains médiums financiers un montant important, c'est-à-dire 36 millions, résidus temporairement d'un surplus de notre vente à Rite Aid, a dit Jean Coutu. Quelque temps après, on ne parle de mois, on parle de quelques jours, on s'est fait dire que tout était suspendu.»

«On comprend la situation, mais ça ne change pas [...] notre motif d'aller chercher intégralement les montants qui ont été confiés [...] aux institutions financières avec qui on fait affaires depuis 40 ans. Intégralement, nous voulons avoir notre montant», a-t-il ajouté.

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