Google dénonce les pratiques d'«étranglement» du trafic Internet par BCE

Ottawa — Le géant américain de la recherche Internet Google dénonce le groupe de télécommunications BCE pour ses pratiques d'«étranglement», qui consistent à ralentir le trafic des clients de fournisseurs indépendants qui achètent leur capacité sur le réseau téléphonique de sa division Bell Canada.

Google a remis jeudi dernier un document de 15 pages au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), faisant ainsi valoir son point de vue à la dernière journée où il était possible d'intervenir dans ce dossier.

En mai, le CRTC a octroyé à Bell une autorisation temporaire d'aller de l'avant avec sa nouvelle pratique de ralentir en partie le trafic généré par des fournisseurs d'accès Internet indépendants — notamment en ce qui a trait au téléchargement de fichiers volumineux.

Mais dans une lettre envoyée à Bell, le CRTC a indiqué à la compagnie qu'elle devra démontrer que le trafic poste-à-poste pour des activités comme le téléchargement de films accapare trop de bande passante et ralentit le service pour une majorité de clients, comme elle le prétend.

Google estime que Bell devrait accueillir tout le trafic légitime, sans restriction, et blâme la compagnie pour ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour être en mesure de répondre à la demande.

«Plutôt que de développer son réseau afin d'être en mesure de respecter les choix des utilisateurs finaux quant au contenu et aux applications, et plutôt que de mettre en place des mesures technologiques et concurrentielles neutres pour résoudre les problèmes de congestion, Bell a choisi de s'en prendre au droit de choisir des consommateurs», affirme Google dans son document. «Il ne devrait pas lui être permis de continuer à le faire.»

La bataille a débuté en avril, quand l'Association canadienne des fournisseurs Internet (ACFI) s'est plaint au CRTC que les pratiques de Bell «allaient compliquer, voire rendre impossible, la gestion des services offerts» par ses membres.

Le CRTC a reçu de nombreux commentaires à ce sujet et devrait rendre une décision finale cet automne, après avoir donné à Bell et à l'ACFI quelques semaines pour répondre.

En défense de ses pratiques, le porte-parole de Bell, Mirko Bibic, a indiqué qu'elles étaient nécessaires parce que plus de 50 % de la capacité de son réseau, et 60 pour cent de son utilisation, sont accaparés par le trafic poste-à-poste. «Nous ralentissons, mais nous ne bloquons pas, le trafic poste-à-poste pendant les périodes de pointe parce que c'est utilisé par une minorité relativement petite tout en occupant une portion démesurée de la bande passante — et ces téléchargements ne sont pas aussi urgents que la navigation en ligne», a-t-il déclaré lors d'un entretien avec La Presse canadienne.

Google demande au CRTC d'ordonner à Bell de mettre fin à cette pratique, qui serait illégale au Canada puisqu'elle n'est pas neutre du point de vue technologique ou concurrentiel.

À la Bourse de Toronto hier, le titre de BCE s'est apprécié de 8 ¢.

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