Crise financière: deux pays, deux réalités
Les banques centrales du Canada et des États-Unis n'affichent pas la même sérénité face à la crise financière. Alors que les conditions sur le marché du crédit continuent de s'améliorer au Canada, la pression demeure entière sur les banques d'investissement au sud de la frontière. La Réserve fédérale n'a eu d'autre option que de réitérer, hier, son engagement à assurer la stabilité afin d'apaiser les craintes.
La Banque du Canada a décidé, hier, de ne pas renouveler une autre tranche de son financement de court terme exceptionnel mis à la disponibilité des institutions financières dans le but d'assurer la liquidité du marché du crédit. Ainsi, un milliard de dollars de prises en pension à plus d'un jour venant à échéance le 10 juillet ne sera pas renouvelé. La banque centrale avait posé un geste similaire le mois dernier, sur des prises en pension échéant le 26 juin.Ces mesures de financement d'urgence ont été mises à la disposition des institutions au lendemain de l'éclatement de la bulle des subprimes aux États-Unis. Elles visaient à apporter de la liquidité à un marché du financement de court terme paralysé par des papiers commerciaux adossés à des actifs faisant face soudainement à une absence d'acheteurs. La Banque du Canada constate cependant une «amélioration continue des conditions sur les marchés depuis la fin d'avril, notamment des conditions de financement jusqu'à trois mois».
Elle a ajouté dans son communiqué que les indicateurs de coût de financement pour les banques font ressortir un assouplissement, essentiellement sous la forme d'un rétrécissement des écarts de taux. Ces indicateurs «demeurent bien en deçà de ceux d'un certain nombre d'autres grandes monnaies».
Effectivement, on ne semble pas évoluer dans la même zone de confort aux États-Unis. Répondant à des marchés boursiers inquiets de voir la crise financière prendre de l'ampleur, le président de la Réserve fédérale a réitéré hier sa volonté de soutenir la stabilité et la liquidité du marché du crédit. Dans une allocution, Ben Bernanke a souligné que «la Réserve fédérale s'engage fortement à soutenir la stabilité et le fonctionnement amélioré du système financier». Au demeurant, il n'écartait pas l'idée «de prolonger la durée de nos facilités au-delà de la fin de l'année, si des circonstances inhabituelles et exigeantes continuaient à prévaloir».
M. Bernanke faisait, ici, référence aux banques d'investissement qui, telles Merrill Lynch ou Lehman Brothers, demeurent encore sous pression dans cette crise du crédit hypothécaire à haut risque, tout en évoquant une aide de dernier recours, en cas de «circonstances inhabituelles et exigeantes». La Réserve fédérale a déjà dû intervenir dans l'opération de sauvetage de Bear Stearns par JP Morgan en fournissant un endossement de 30 milliards $US.
Les marchés boursiers ont bien accueilli les propos du président de la Fed. Faisant également écho à un nouveau recul des cours pétroliers, l'indice symbolique de la Bourse de New York, le Dow Jones, a rebondi de 152,25 points hier, pour terminer la séance à 11 384,21. Plus large et plus représentatif, le S&P 500 a avancé de 21,39 points, ou de 1,7 %, à 1273,70. À Toronto, le S&P/TSX s'est replié de 156 points en cours de séance, emporté par le plongeon des titres pétroliers, pour ensuite se ressaisir sous le jeu des chasseurs d'aubaines et finir la journée à 13 809,77, en hausse de 96,97 points.
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avec l'Agence France-Presse