Le bon sens prévaudra sur le marché des céréales

Des fermiers récoltent du riz en Thaïlande. En raison notamment d’une hausse de production annoncée, le prix du blé a déjà reculé de 35 % depuis son sommet du
27 février, et celui du riz devrait suivre le même mouvement.
Photo: Agence France-Presse (photo) Des fermiers récoltent du riz en Thaïlande. En raison notamment d’une hausse de production annoncée, le prix du blé a déjà reculé de 35 % depuis son sommet du 27 février, et celui du riz devrait suivre le même mouvement.

Le pire de la crise alimentaire pourrait bien être derrière nous. L'augmentation, cette année, des volumes de production ainsi que l'atténuation du protectionnisme des gouvernements et de la spéculation des marchés devraient mener à une baisse des prix, à tout le moins du blé et du riz, pense le Mouvement Desjardins.

En fait, le prix du blé a déjà reculé de 35 % par rapport au sommet qu'il a atteint le 27 février. Cette baisse ne devrait pas s'arrêter là, prévoit Mathieu D'Anjou, économiste senior. «Le signal des prix a été entendu et plusieurs pays producteurs ont indiqué qu'ils augmenteraient leurs volumes de production cette année», a-t-il déclaré hier au Devoir. Le même phénomène devrait se produire avec la production de riz, ajoute-t-il.

Directement exposés à l'augmentation de la demande due aux biocarburants, les prix du maïs et du soya risquent pour leur part de se maintenir à des niveaux très élevés en dépit des importantes hausses de la production de soya attendues. Le potentiel de nouvelles augmentations des prix dans ces deux secteurs apparaît néanmoins limité, précise Mathieu D'Anjou.

L'offre devrait de nouveau être en mesure de répondre adéquatement à la demande, prévoit le Mouvement Desjardins, après plusieurs années de baisses de la production et des inventaires à cause du mauvais temps. Les risques réels de pénurie apparaissent dans ce contexte assez faibles.

Cette amélioration des facteurs fondamentaux du marché devrait ramener un peu de bon sens dans les prix des céréales, qui se sont envolés depuis quelques mois, estime le Mouvement Desjardins. «Une bonne partie de l'appréciation résulte directement de la panique et des réactions discutables de certains gouvernements», écrivent Mathieu D'Anjou et son collègue François Dupuis dans un document d'analyse dévoilé hier, se référant aux obstacles aux exportations et au plafonnement des prix auxquels plus d'une douzaine de pays producteurs ont eu recours. Les deux économistes y déplorent également le fait que plusieurs citoyens et spéculateurs aient commencé à stocker des céréales, créant ainsi une demande artificielle.

Comme c'est souvent le cas avec le pétrole et les autres matières premières, il est très difficile d'évaluer précisément le rôle qu'ont joué sur les dernières hausses des prix des aliments les facteurs fondamentaux de l'offre et de la demande comparativement à des facteurs plus «artificiels» comme le protectionnisme et la spéculation, explique Mathieu D'Anjou. «Il est bien sûr plus facile pour un gouvernement de blâmer les spéculateurs que ses propres politiques. Mais, de façon générale, je ne crois pas que la spéculation puisse créer une tendance, elle ne fait que l'amplifier.»

L'économiste s'attend donc à une certaine amélioration de la situation. «À moins, bien sûr, que le mauvais temps nous joue encore un tour.»

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