Commission Pronovost sur l'agriculture - Lessard donnera suite aux recommandations
«Les tablettes sont pour les produits du Québec, pas pour le rapport de la commission Pronovost», a déclaré hier matin Laurent Lessard devant les fonctionnaires de son ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Au-delà de ce jeu de mots autour des «tablettes de magasins» par rapport à celles du gouvernement, le ministre prend l'engagement de donner suite à l'essentiel des recommandations proposées récemment par cette commission dans son rapport sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire au Québec. Toutefois, dans un premier temps, il a demandé aux producteurs et transformateurs de s'impliquer eux-mêmes.
M. Lessard a mentionné qu'il entend présenter d'ici deux ans une «première politique agricole qui interpellera tous les ministères». Pour y arriver, il dit vouloir s'inspirer de la démarche adoptée dans le domaine forestier où, à la suite du rapport de la commission Coulombe, un livre vert a été rédigé et soumis à l'examen public. Un projet de loi devrait être éventuellement présenté.Pour l'instant, le ministre énonce ses priorités pour l'année en cours, soit trois grands chantiers: un rapprochement des producteurs et transformateurs avec les consommateurs; un renforcement de la capacité concurrentielle des entreprises; la modernisation des grands piliers de l'agriculture. Il a plus particulièrement lancé un défi aux 17 offices de mise en marché collective pour que, d'ici à la fin de l'été 2008, ceux-ci déterminent, en collaboration avec les acheteurs-transformateurs, les avenues de solution permettant de faire plus de place aux produits différenciés et au développement de circuits de commercialisation alternatifs à la grande distribution. «Il faut donner plus d'oxygène aux entreprises et que les petits aient plus de place», a déclaré M. Lessard.
Quel est votre échéancier, a demandé une journaliste? «Nous sommes dans le mode "passer à l'action". Si le produit n'est pas livré, on va passer à la deuxième vitesse», a répondu le ministre sans donner plus de précisions. Sur un autre dossier très chaud, celui de la sécurité du revenu agricole, M. Lessard a annoncé qu'il comptait utiliser le renouvellement de la convention de la Financière agricole, prévu d'ici le printemps 2009, pour convenir d'une réforme du programme d'assurance-stabilisation «plus équitable». Le ministre a réitéré que mettre fin au monopole de l'UPA ne faisait pas partie de ses priorités, rappelant toutefois que celle-ci avait des responsabilités. Il a parlé aussi de relève agricole, de formation et de règles plus simples pour la protection du territoire agricole.
Christian Lacasse, président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), a accueilli poliment les projets du ministre pour la suite de la commission Pronovost. «Cette vision et les priorités qui l'accompagnent constituent une base de travail qui converge vers bon nombre de nos objectifs», lit-on dans son communiqué, qui ne dit cependant rien sur le défi lancé aux offices de commercialisation. Jacques Proulx, ex-président de l'UPA et président de Solidarité rurale, reproche pour sa part au ministre de «ne prendre aucun leadership réel en multipliant les chantiers sans instaurer de mécanisme de suivi ou d'échéancier, en rejetant sur d'autres la responsabilité de déterminer l'avenir et en laissant aux seuls intérêts corporatistes le soin de décider ce qui est souhaitable pour l'ensemble de la société». Greenpeace, pour sa part, se dit déçue que le ministre n'ait pas proposé la mise en place de l'étiquetage obligatoire des OGM.