Le prix du brut frôle les 105 $US

New York — Influencé par une décision de l'OPEP de ne pas augmenter sa production, le prix du baril de pétrole s'est approché à grands pas du seuil symbolique des 105 $ hier à New York. Il a aussi été affecté par une baisse surprise des stocks pétroliers aux États-Unis, et d'une chute du dollar américain, monnaie dans laquelle le brut est vendu.
Après avoir clôturé à 104,52 $, un record, le baril de light sweet crude pour livraison en avril, coté à New York, est monté à 104,95 $, un plus haut absolu, lors des échanges électroniques d'après séance.Le cours du baril d'or noir a empoché plus de cinq dollars sur une seule journée par rapport à son niveau de clôture de mardi.
À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour échéance en avril a aussi été en effervescence, ramassant 4,12 $ pour terminer à 101,64 $, un plus haut en clôture.
«Une baisse des stocks de brut [américains] associée à un dollar faible sont les facteurs qui poussent les prix vers de nouveaux records», a expliqué Eric Wittenauer, analyste au cabinet A.G Edwards.
Les réserves de brut ont chuté de 3,1 millions de barils la semaine dernière aux États-Unis, premier consommateur mondial d'énergie, alors que les analystes tablaient sur une hausse de 2,4 millions de barils.
Le dollar est pour sa part descendu à 1,53 $ pour un euro hier, un plus bas jamais vu depuis le lancement de la monnaie unique européenne en 1999.
De façon générale, un effondrement du dollar, en rendant le pétrole moins cher, attire les investisseurs, munis des devises autres que le dollar, qui fuient l'instabilité en cours sur les places boursières, résument les analystes.
Phil Flynn, d'Alaron Trading, a estimé également que les cours de l'or noir devraient poursuivre leur ascension au vu de l'environnement géopolitique, dont les tensions entre le Venezuela et la Colombie. «Le déploiement éventuel des troupes vénézueliennes à la frontière colombienne est un élément qui va entretenir à court terme la hausse des prix du pétrole», a-t-il dit.
L'OPEP ne bouge pas
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a opté hier pour le statu quo sur sa production, renvoyant la balle aux États-Unis et à leur «mauvaise gestion de l'économie» pour la flambée du brut, qui a frôlé pour la première fois 105 $ le baril.
«Nous sommes tombés d'accord pour ne pas changer la production», a annoncé le ministre irakien du Pétrole, Hussein Al-Chahristani, à l'issue d'une réunion de plus de cinq heures hier au siège du cartel à Vienne. Maigre facteur rassurant pour les pays consommateurs: le président de l'OPEP, l'Algérien Chakib Khelil, a souligné qu'«aucune baisse» éventuelle des quotas n'avait été discutée lors de la réunion.
La production des 12 États membres soumis aux quotas, dont l'Irak est exclu, est donc maintenue à 29,67 millions de barils par jour (mbj). Celle des treize membres, y compris l'Irak, est de 32 mbj, soit environ 40% de la production mondiale de brut.
Le président américain George W. Bush a été «déçu» de la décision, a indiqué la Maison Blanche, qui a réfuté les critiques contre la gestion économique de l'administration, mise en cause.
«Il est déçu qu'ils aient décidé de ne pas augmenter la production», a dit la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. «Il ne pense pas que cela soit une bonne idée de voir leurs plus gros clients, comme les États-Unis, [accuser] un ralentissement économique en partie [...] à cause de prix de l'essence élevés.»
1,40 $ le litre au Canada?
Par ailleurs, Vince Lauerman, analyste du secteur mondial de l'énergie chez Geopolitics Central, a indiqué hier qu'il y avait normalement une accalmie au chapitre des prix de l'essence entre l'hiver, la saison du chauffage, et l'été, celle de la conduite automobile.
À l'instar de nombreux spécialistes, M. Lauerman a avancé que les prix de l'essence à la pompe pourraient atteindre pas moins de 1,40 $ le litre cet été si jamais les cours du brut demeuraient à leurs niveaux actuels.
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Avec Presse Canadienne et Le Devoir