L'optimisme des détaillants est miné par l'économie américaine
Toronto — Une récession aux États-Unis et le ralentissement économique qui risque de suivre au Canada pourraient mettre les détaillants canadiens à rude épreuve — incluant certains qui se sont déjà vantés d'être relativement à l'abri d'une telle situation.
Les dirigeants des plus grands détaillants du pays ont rencontré hier plusieurs géants américains de l'industrie dans le cadre d'une conférence organisée par Marchés mondiaux CIBC et certains d'entre eux se sont montrés optimistes vis-à-vis des turbulences économiques potentielles.Mais leur optimisme fait cependant suite à la publication, le mois dernier, de données troublantes de Statistique Canada qui laissent croire qu'un ralentissement de l'économie américaine pourrait éroder les dépenses des consommateurs canadiens plus tard cette année, particulièrement dans le centre du pays.
Le vice-président exécutif de Métro, Éric La Flèche, a indiqué à son auditoire que les grandes chaînes d'alimentation pourraient probablement profiter du fait que les consommateurs réduisent leurs dépenses. Plutôt que d'aller manger au restaurant, les Canadiens pourraient décider de rester à la maison pour cuisiner, ce qui signifie qu'ils continueraient à fréquenter leurs épiciers, a indiqué M. La Flèche.
Ce genre de prévisions optimistes fait écho aux récents commentaires de Jurgen Schreiber, chef de la direction de Shoppers Drug Mart — propriétaire des magasins Pharmaprix au Québec.
Le mois dernier, M. Schreiber a rejeté l'idée qu'une récession aux États-Unis puisse migrer au Canada et causer du tort à la croissance des ventes de la chaîne de pharmacies.
«Nous avons une quantité significative de catégories qui sont relativement indépendantes des récessions», a-t-il fait valoir, évoquant les produits pharmaceutiques, les médicaments vendus sous ordonnance et les cosmétiques.
Mais une telle confiance pourrait être semblable au port de lunettes roses, jugent certains observateurs de l'industrie, qui s'inquiètent du fait que les consommateurs canadiens pourraient réduire leurs dépenses avec le ralentissement économique.
Les entreprises «sont à l'abri d'une récession au chapitre des besoins absolus, mais ils ne sont pas à l'abri d'une récession en ce qui a trait aux désirs», a noté John Torella, partenaire principal pour le groupe de consultants du détail J.C. Williams Group. «Dans le cas de Shoppers, il y a plusieurs produits à l'intérieur de leur palette [de produits] qui vont dans la catégorie des souhaits et des désirs.»
Mis à part des médicaments de prescription et des autres produits pharmaceutiques, les magasins de Shoppers sont remplis de produits d'alimentation usinés, de magazines et de produits de luxe — à part les cosmétiques — qui pourraient être considérés comme moins essentiels par les consommateurs.
M. Torella a laissé entendre que les compagnies pourraient devoir réagir plus vite qu'elles ne le croient au ralentissement potentiel des dépenses. «Certains disent que vous pouvez agir, réagir ou prier — et malheureusement, plusieurs, plusieurs personnes du marketing sont simplement en train de prier pour que ce [ralentissement économique] s'en aille, mais ça ne va pas se produire», a-t-il ajouté.
Les plus récentes données de Statistique Canada sur les dépenses des consommateurs sont mitigées. Sur l'ensemble de 2007, les ventes au détail ont grimpé de 5,8 % par rapport à l'année précédente.