Regain d'inquiétude sur la santé des banques américaines

New York — Les marchés s'inquiétaient à nouveau hier de la solidité financière des banques américaines, après les déclarations du vice-président de la Fed ainsi que plusieurs nouvelles alarmantes concernant Citigroup, l'une des premières banques du pays.
Ces craintes ont fait chuter la Bourse de New York mardi, qui perdait plus de 200 points (-1,67 %) en après-midi, et dégringoler Citigroup, qui baissait de 4,82 %, à 21,96 $US, après avoir plongé de plus de 7 % dans la matinée. Wall Street a finalement clôturé en baisse de 45,10 points, à 12 213,80.Le vice-président de la banque centrale américaine (Fed), Donald Kohn, a dit hier s'attendre à de nouvelles dépréciations d'actifs dans les banques américaines et à une «pression durable sur leurs résultats».
Déjà la semaine dernière, le président de la Fed Ben Bernanke avait dit s'attendre à des faillites dans les petites banques. De quoi démoraliser les marchés, qui espéraient déjà que la crise était en train de s'atténuer.
Les nuages s'accumulent surtout sur Citigroup, la banque déjà la plus touchée par la crise des crédits subprime et dont les déboires semblent loin d'être terminés.
Une note de Merrill Lynch, citée hier par le Wall Street Journal (WSJ), indique que Citigroup pourrait encore devoir passer au premier trimestre des dépréciations d'un montant de 15 milliards $US.
En outre, Samir al Ansari, patron de Dubai International Capital, fonds souverain de Dubai, a estimé mardi que les fonds souverains du Golfe ne pourront pas à eux seuls sauver Citigroup, qui devra obtenir de nouveaux capitaux auprès d'autres partenaires, a rapporté le WSJ.
M. Al Ansari, s'exprimant lors d'une conférence à Dubai, a estimé qu'il faudrait davantage que les efforts combinés du fonds souverain d'Abou Dhabi, l'Abu Dhabi Investment Authority, du fonds Koweïtien Kuwait Investment Authority et du prince saoudien Al Walid bin Talal pour sauver la banque. «Il faudrait bien plus d'argent pour sauver Citi», a-t-il affirmé, ajoutant que de nouvelles dépréciations étaient attendues chez Citigroup.
Citigroup a fait massivement appel aux investisseurs du Golfe ces derniers mois en leur vendant une partie de son capital, tout en continuant à annoncer des pertes et des dépréciations colossales.
En novembre, l'Abu Dhabi Investment Authority, fonds souverain de l'émirat d'Abou Dhabi, a injecté 7,5 milliards en rachetant 4,9 % de la banque.
Citigroup a ensuite en janvier vendu au fonds koweïtien Kuwait Investment Authority l'équivalent de trois milliards $US d'actions, puis annoncé avoir obtenu plus de 12,5 milliards $US, dont 6,88 milliards versés par le fonds souverain de Singapour qui acquis près de 4 % de son capital.
Le prince Al Walid, qui était jusqu'ici son premier actionnaire avec 3,6 % du capital, a de nouveau lui aussi mis la main à la poche, pour un montant qui n'a pas été divulgué.
L'action Citigroup a fondu de 42 % depuis début novembre, lorsque le groupe a annoncé devoir passer 11 milliards $US de dépréciations supplémentaires à cause de la crise des subprimes.
Depuis, Citigroup a remplacé son p.-d.g., Charles Prince, et encore annoncé en janvier dernier des pertes de près de 10 milliards $US dues à des dépréciations de 18 milliards.
«Les mêmes craintes ont ressurgi», expliquait Peter Cardillo, analyste au cabinet Avalon Partners, énumérant des craintes de nouvelles pertes pour les institutions financières, qui ont été «amplifiées par Citigroup». «La Fed nous dit en gros que la crise va continuer alors que les investisseurs espéraient qu'elle était en train de se calmer», a commenté M. Cardillo.
La crise du subprime a conduit les banques américaines à déprécier un total de 153 milliards $US en 2007.