Hyundai a réussi là où les constructeurs américains peinent encore, en concevant une berline intermédiaire capable de rivaliser avec les japonaises, reines de ce segment — le plus important en matière de ventes en Amérique du Nord.

L'exploit est d'autant plus remarquable que Hyundai partait de loin. La marque coréenne a fait ses débuts sur le marché canadien en 1984 et, plusieurs s'en souviennent sans doute, les débuts ont été pour le moins laborieux, avec des modèles éminemment oubliables, comme la Pony et la Stellar. Résultat: la réputation de ces voitures se situait alors au plus bas niveau, certains allant même jusqu'à les qualifier de «Lada coréennes». Aïe!

Contrairement aux constructeurs américains, passés maîtres dans l'art du déni, Hyundai a fait face au problème et a retroussé ses manches. Le défi, ne le cachons pas, était colossal: se faire une réputation est difficile, s'en refaire une l'est encore plus. Mission accomplie: 20 ans plus tard, les Hyundai sont devenues des voitures recommandables, et ce constructeur coréen fait maintenant partie des dix plus importants producteurs de véhicules à l'échelle mondiale.

La classe, à défaut de l'audace

Lancée en 1989, la Sonata a contribué à rebâtir la crédibilité de la marque. Cinq générations plus tard — le modèle actuel a deux ans —, elle se maintient dans le peloton de tête des ventes au Québec, derrière la Toyota Camry et la Honda Accord. (Au Canada, les chiffres les plus récents, qui datent de 2006, indiquent qu'elle est aussi devancée par la Nissan Altima et la Ford Fusion.)

Depuis sa naissance, la Sonata est offerte en une seule configuration, soit une berline à 4 portes. Pas de coupé, ni de familiale, ni de cabriolet. Sur le plan esthétique, elle a subi une métamorphose lors de sa dernière refonte, ce qui ne veut pas dire qu'elle ressort du peloton pour autant; au contraire, elle se fond dans la masse, avec une silhouette on ne peut plus générique et une partie arrière quasi identique à celle de la Honda Accord de la précédente génération. Le résultat, en fait, laisse songeur: la Sonata actuelle affiche un air plus cossu, plus raffiné que ses devancières, mais elle ressemble à n'importe quelle autre berline japonaise de ce segment. Une certaine classe, donc, mais zéro audace. Discrétion assurée ou argent remis.



Rien à envier

Ce manque d'audace se reflète aussi à l'intérieur. Comprenons-nous bien: ce n'est pas un reproche, ou si peu. Mais le jeu des comparaisons est inévitable. Or, dans ce créneau où l'on ne retrouvait, hier encore, que des berlines fades et anonymes, il existe maintenant des modèles qui ont un peu d'allure, à l'intérieur comme à l'extérieur. Si Toyota a pu rendre sa Camry un tant soit peu sexy, tout le monde est capable!

Cela dit, à défaut de réinventer le genre, la présentation intérieure est agréable, et la qualité des matériaux, tout comme l'assemblage, confirme que Hyundai joue maintenant dans les ligues majeures. Les voitures japonaises, faut-il le répéter, constituent la référence, et la Sonata n'a pas à rougir de sa qualité de construction. S'il faut vraiment chercher des poux, mentionnons l'apparence bon marché des panneaux de similibois que l'on retrouve dans les versions plus cossues.

L'habitabilité compte indéniablement parmi les points forts de la Sonata. Les passagers assis à l'arrière bénéficient d'un bon dégagement pour la tête et les jambes, en plus de s'asseoir sur une banquette très confortable. Les sièges avant le sont tout autant, mais leur manque de soutien latéral vient gâter la sauce un brin. De plus, ils sont très moelleux, ce qui n'est pas du goût de tout le monde.

L'ergonomie ne montre pas de lacune majeure, avec des commandes simples, bien disposées et faciles d'accès. Et comme toujours chez Hyundai, l'équipement de série est bien garni et les options, rares. Bon point. Que les mélomanes se réjouissent: la radio satellite (XM) est maintenant offerte. Entre vous et moi, c'est vraiment le bonheur... Les principaux genres musicaux ont leurs chaînes, et il n'y a pas de pubs, zéro, rien, à peine quelques promos maison. Le bonheur, je vous dis!



Solide paire de moteurs

Là aussi, les Coréens ont réussi ce que les Américains parviennent encore difficilement à faire: un 4-cylindres capable de rivaliser avec ceux des automobiles japonaises et européennes. Ce moteur brille par son rendement: il a la souplesse et la douceur des moteurs nippons, ainsi que du couple à bas régime et il souffre peu du jumelage avec une boîte automatique. L'étalage de ses qualités ne s'arrête pas là: il est silencieux, consomme peu et affiche un très bon bilan en matière de fiabilité.

Le V6 de 3,3 litres fait encore mieux: non seulement possède-t-il les même qualités que le 4-cylindres, mais ses performances impressionnent. Il est véloce et répond instantanément à la moindre sollicitation de l'accélérateur. Du couple, il en a à revendre, et ce, à tous les régimes. De plus, sa consommation est tout à fait raisonnable. Selon Consumer Reports, il serait cependant un poil moins fiable que le 4-cylindres.

La boîte automatique se place à l'abri des reproches, mais pas la direction, beaucoup trop assistée sur la version à moteur 4-cylindres. Étrangement, c'est beaucoup mieux dosé, plus ferme, avec le V6. Mais peu importe la version, la direction pèche par sa lenteur et elle communique peu.



Double personnalité

Cette différence entre les versions à 4 et 6 cylindres se ressent également dans le comportement. Avec la Sonata à 4-cylindres, on est plongé dans une autre époque: direction, suspension, tout est mou. Cela se traduit par du roulis et du tangage, comme dans les gros chars américains de mon enfance. Remarquez, si le confort est votre priorité, ça peut aller: la douceur de roulement est remarquable. À ce chapitre, la Sonata n'a rien à envier, encore une fois, à ses rivales. La qualité de la monte pneumatique, il est vrai, joue un rôle de premier plan, et les Michelin de nos véhicules d'essai y étaient pour beaucoup. Cela mérite d'autant plus d'être souligné que les voitures coréennes sont souvent chaussées de pneus médiocres.

La Sonata V6 que j'ai pu conduire la semaine dernière montrait, par ailleurs, beaucoup plus d'aplomb, avec ses pneus de 17 pouces, ses réglages de suspension plus fermes et un roulis mieux maîtrisé. Sans être sportif, c'était beaucoup moins nautique que la Sonata à 4-cylindres que j'avais conduite quelques semaines plus tôt.



Conclusion

Depuis son lancement, la Sonata s'est bonifiée de génération en génération, au point de devenir la meilleure concurrente des berlines intermédiaires japonaises. Les Honda Accord, Toyota Camry, Mazda6 et Subaru Legacy sont certes plus raffinées, mais pas de beaucoup et surtout, elles sont plus chères — de deux à trois mille dollars de différence, sinon plus. Mieux encore, la Sonata n'a plus rien à leur envier côté fiabilité, comme en font foi les publications spécialisées dans les enquêtes auprès des consommateurs (Protégez-vous, Consumer Reports).

En fait, la Sonata est la rivale numéro 1 des berlines américaines, qui misent elles aussi sur leur prix pour attirer les acheteurs. Ce n'est pas la plus excitante à conduire, mais elle propose en contrepartie un équipement de série complet, un habitacle spacieux, confortable et bien assemblé ainsi qu'une douceur de roulement appréciable. Autrement dit, tout ce que recherche la clientèle visée. Avec, de surcroît, un rapport qualité-prix difficile à battre et l'une des meilleures garanties de l'industrie. Bref, c'est sérieux.



Collaborateur du Devoir

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FICHE TECHNIQUE HYUNDAI SONATA

- Moteur : 4 cyl 2,4 L

- Puissance : 162 ch

- 0-100 km/h : 9,4 s

- Vitesse maximale : 185 km/h

- Consommation : 8,2 L/100 km

- Échelle de prix : 23 595 $ à 29 295 $