Bush ne convainc pas Wall Street
New York — La Bourse de New York s'est encore repliée hier, pour la quatrième séance consécutive, le marché ne se montrant pas convaincu par le plan de relance économique voulu par le président George W. Bush: le Dow Jones a perdu 0,5 % et le Nasdaq a cédé 0,3 %.
Le Dow Jones a reculé de 59,91 points, à 12 099,30 points, et l'indice Nasdaq, à forte composante technologique, de 6,88 points, à 2340,02 points, selon les chiffres définitifs de clôture. L'indice élargi Standard and Poor's 500 a lui baissé de 0,6 % (-8,06 points), à 1325,19 points.Face à la dégradation de la situation et à la menace croissante d'une récession économique, le président américain a déclaré hier vouloir «aussi vite que possible» un plan de relance économique fondé sur des baisses d'impôts et représentant «1 % du PIB», soit plus de 140 milliards $US.
Mais ce plan, dont les modalités ne sont pas encore connues, «ne convainc pas», ont affirmé les analystes de Natixis. «Cela correspond à peu près à ce qui était attendu et le marché a peut-être peur que ce ne soit pas assez», a expliqué Art Hogan, de la maison de courtage Jefferies. «De plus, cela rappelle à quel point la situation est mauvaise», a-t-il ajouté.
Selon Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald, «le marché voulait l'annonce de mesures plus précises et a été déçu de ne pas les avoir».
Par ailleurs, «les données économiques ont été mitigées», a souligné Al Goldman, analyste d'AG Edwards. Selon l'indice calculé par l'université du Michigan, la confiance des consommateurs a augmenté en janvier, ce qui est de bon augure pour le dynamisme de la consommation, clef de voûte de la croissance. En revanche, l'indice composite d'activité a encore reculé en décembre, de 0,2 %.
Enfin, les analystes notaient que l'expiration d'options avait augmenté la volatilité de la séance et que la perspective d'un week-end prolongé poussait encore davantage les investisseurs à la prudence. Lundi, les marchés américains seront fermés en raison d'un jour férié, en hommage à Martin Luther King.
Le marché obligataire a reculé. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans est monté à 3,65 %, contre 3,64 % jeudi soir, et celui à 30 ans à 4,3 %, contre 4,25 %.
Le pétrole
Pour leur part, les cours du pétrole brut ont terminé presque inchangés hier à New York, au terme d'une semaine qui les a vu tomber à 90 $US le baril, soit 10 % de moins que leur record. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude pour livraison en février a clôturé en hausse de 44 ¢US, à 90,57 $US, mais perdant encore plus de 2 $US sur la semaine.
En l'espace de deux semaines, les prix de l'or noir ont perdu près de 10 % par rapport à leurs records historiques de début d'année (100,09 $US à New York et 98,50 $US à Londres), en raison des craintes sur une entrée en récession de l'économie américaine: un coup d'arrêt de la croissance aux États-Unis, premier consommateur mondial d'énergie, pourrait tasser la demande de pétrole.
Une reconstitution des stocks pétroliers américains cette semaine a également contribué à repousser l'attention du marché vers la demande plutôt que vers le niveau de l'approvisionnement, alors que la peur d'une offre insuffisante avait provoqué la récente flambée des cours.
Mais le repli marqué des cours a été mis entre parenthèses en cette fin de semaine. «La séance a été calme, avec visiblement un soutien technique autour du seuil de 90 $US», a indiqué Eric Wittenauer, d'AG Edwards. L'analyste a estimé que le plan de relance économique d'environ 140 milliards n'avait «pas eu d'impact particulier» sur le marché du pétrole, alors qu'il a visiblement peu convaincu les marchés boursiers qui ont baissé dans sa foulée.
«Le marché du pétrole avait fait l'objet de ventes excessives, après avoir chuté de près de 10 %, par conséquent un rebond était une possibilité», a évoqué Mike Fitzpatrick, analyste de MF Global, ajoutant cependant que la tendance baissière devrait continuer à dominer dans l'ensemble jusqu'à ce que le marché ait «une vision plus optimiste de l'économie».