Le FMI, accusé de laxisme, s'agite autour des subprimes

Le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a déjà raillé l’incapacité du Fonds à anticiper et à enrayer la crise des subprimes. «Le Fonds semble mal équipé pour faire face à une telle situation. Il est apparu clairement que le person
Photo: Agence France-Presse (photo) Le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a déjà raillé l’incapacité du Fonds à anticiper et à enrayer la crise des subprimes. «Le Fonds semble mal équipé pour faire face à une telle situation. Il est apparu clairement que le person

Washington — Accusé de laxisme dans son approche des subprimes, le Fonds monétaire international (FMI) veut faire la preuve qu'il prend au sérieux la crise qui gagne aujourd'hui l'ensemble des économies mondiales.

Hier, l'institution basée à Washington a publié une série de papiers techniques sur les origines de la crise des emprunts hypothécaires à risque, qui va la contraindre à abaisser l'ensemble de ses prévisions de croissance le 25 janvier, jour prévu pour ses annonces.

«À la suite de la crise récente des emprunts hypothécaires à risque aux États-Unis et aux turbulences qu'elle a provoquées sur les marchés financiers, le FMI a recalibré son programme de travail», a expliqué le Fonds.

L'objectif de cette reprise en main, qui avait été annoncée quelques semaines après la prise de fonctions de son nouveau directeur général Dominique Strauss-Kahn, a pour objectif de «développer de nouvelles propositions de politiques, à la fois pour gérer la situation actuelle et pour améliorer la capacité du Fonds à identifier les potentielles zones de troubles».

Critiques

Ce faisant, l'institution multilatérale répond implicitement aux critiques formulées lors de son assemblée générale par plusieurs pays émergents qui lui reprochaient d'avoir sous-estimé le problème des subprimes pour ne pas froisser ses principaux actionnaires en particulier les États-Unis.

Lors de cette rencontre d'octobre, le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, avait raillé l'incapacité du Fonds à anticiper et à enrayer la crise. «Le Fonds semble mal équipé pour faire face à une telle situation. Il est apparu clairement que le personnel technique de cette institution a besoin de parfaire sa connaissance des marchés financiers», avait-il lancé.

Les différents papiers publiés hier s'entendent donc comme une tentative de rachat et un gage de sérieux, à un moment particulièrement opportun puisque la crise prend corps chaque jour davantage.

Avec le début de la saison des résultats aux États-Unis, les grandes banques annoncent, en rafale, dépréciations d'actifs, pertes financières et injections de capitaux. Et sur le front macro-économique, le mot «récession» n'est désormais plus tabou: la question est de savoir si l'économie américaine a déjà commencé de se contracter ou si elle le fera dans quelques trimestres.

Reste que l'approche du Fonds demeure absolument technique et extraordinairement prudente.

Certes, dans les documents publiés hier, les économistes maison commentent en détail les différentes méthodes de titrisation qui ont permis aux banques américaines d'exporter dans le monde entier les risques liés au non-remboursement d'emprunts hypothécaires accordés à des ménages fragiles.

Mais ils ne risquent aucune recommandation précise sur la façon dont les banques devraient amender leurs méthodes de travail, ces fameuses best practices qu'elles se sont engagées à améliorer seules.

De même, la question des agences de notation et du «conflit d'intérêts» dans lequel cette crise les a fait apparaître, fait seulement l'objet d'un groupe de travail, sans calendrier.

Quant à «la réponse des banques centrales aux turbulences récentes», thème clef du débat actuel et gros point d'interrogation des marchés à quelques jours de la prochaine réunion de la Réserve fédérale américaine, elle débouche sur la création d'un comité chargé de «tirer des conclusions qui seront utiles à l'ensemble des pays membres».

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