L'alimentation et l'énergie propulsent l'inflation américaine

Un client dans une épicerie de Los Angeles. Les ménages américains ont subi de plein fouet la hausse des prix du pétrole, tout comme celle de leur panier d’épicerie.
Photo: Agence France-Presse (photo) Un client dans une épicerie de Los Angeles. Les ménages américains ont subi de plein fouet la hausse des prix du pétrole, tout comme celle de leur panier d’épicerie.

Washington — L'inflation a atteint en 2007 son niveau le plus élevé en 17 ans aux États-Unis, avec une hausse de 4,1 % en glissement annuel, entraînée par la progression très forte des prix de l'énergie et de l'alimentation, a indiqué hier le département du Travail.

C'est le rythme de progression le plus élevé enregistré depuis 1990. En 2006, l'inflation s'était établie à 2,5 % seulement.

Cette progression s'explique avant tout par la flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation, qui ont eux aussi affiché leur plus forte poussée depuis 1990. Dans certaines catégories, la hausse des prix est spectaculaire: +29,6 % pour l'essence, +32,5 % pour le fioul, +13,4 % pour les produits laitiers, ce qui est la plus forte hausse en 34 ans...

Les ménages américains ont subi de plein fouet les cours records du pétrole, dopés par la progression de la demande mondiale, les incertitudes géopolitiques et par la spéculation. Mais ils ont aussi vu leur facture fortement augmenter pour les transports et les coûts médicaux, ce qui révèle la persistance de fortes pressions inflationnistes.

Même si l'on retire l'alimentation et l'énergie, l'inflation a progressé de 2,4 %, ce qui reste au dessus de la limite supérieure de tolérance de la Réserve fédérale (Fed) qui voudrait maintenir l'inflation dite «de base», entre 1 % et 2 %.

«En temps normal, de tels chiffres inquiéteraient sérieusement la Fed. Et s'il n'y avait pas les perspectives de croissance sérieusement amputées face à l'instabilité des marchés, nous penserions que la Fed va relever ses taux», estime Kenneth Beauchemin de Global Insight. Mais «nous ne sommes pas en temps normal», a-t-il rappelé.

La récession menace, les marchés ne cessent de reculer, et le patron de la banque centrale Ben Bernanke a quasiment promis la semaine dernière qu'il allait de nouveau fortement réduire les taux d'intérêt. «Les chiffres d'aujourd'hui ne sont pas assez mauvais pour doucher les espoirs d'une baisse d'un demi-point» lors de la prochaine réunion de la Fed, les 29 et 30 janvier, a ajouté M. Beauchemin.

Une grande part des analystes espère toutefois que la crise actuelle aura pour effet bénéfique de faire baisser l'inflation. «Le resserrement du crédit, et l'affaiblissement de la demande que cela entraînera, devraient jouer contre l'inflation», notent les analystes de Citigroup. Le ralentissement des embauches, s'il se confirme, devrait aussi contenir la progression des salaires.

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