Vent de pessimisme sur les marchés

Préoccupées par le spectre d'une récession américaine, les marchés boursiers ont régressé un peu partout hier après un croisement de facteurs composé notamment du recul des ventes au détail aux États-Unis, des déboires de Citigroup liés au secteur hypothécaire et du pessimisme de l'ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed).
À Bay Street, dont l'humeur suit de près celle de Manhattan, les investisseurs ont fait vivre au TSX sa pire journée depuis juillet, le faisant plonger de 382 points, ou 2,8 %. L'indice américain S&P/500, meilleur baromètre boursier au sud de la frontière, a cédé 2,5 %, à 1381, alors que l'indice Dow Jones a laissé tomber 277 points, à 12 501, et que le Nasdaq glissait de 2,5 %.La totalité des sous-secteurs de l'indice torontois ont cédé du terrain, des technologies de l'information aux sociétés énergétiques en passant par l'industrie des matériaux, lesquels ont tous affiché des baisses allant de 2 % à 3,75 %. Pour sa part, le secteur des services financiers a souffert de la contre-performance de la banque CIBC, dont l'énorme émission d'actions de 2,75 milliards pour renflouer ses coffres a eu un effet négatif sur le cours du titre.
Les craintes, cependant, venaient de Wall Street, où la perspective d'une récession a été renforcée à la lecture d'un entretien de l'ancien président de la Fed auprès du Wall Street Journal.
Toujours très influent, l'ex-patron de la Fed, Alan Greenspan, a affirmé au Wall Street Journal que les États-Unis sont déjà en récession ou sur le point de l'être. «Clairement, les symptômes sont là. Les récessions n'arrivent pas doucement. Elles se signalent généralement par une discontinuité sur le marché, et il est tout à fait possible de décrire ainsi les chiffres des dernières semaines», a-t-il dit dans cet entretien publié hier matin.
Baisse des ventes
Wall Street a aussi été passablement secoué par le groupe financier Citigroup, qui a effectué une radiation comptable de 18 milliards $US liée à son exposition au marché des hypothèques à risque. Pour le quatrième trimestre, l'établissement a affiché une perte de 9,8 milliards $US.
D'un point de vue macroéconomique, cependant, c'est le département du Commerce américain qui a volé la vedette. Ce dernier a indiqué que les ventes au détail ont reculé de 0,4 % en décembre, le plus gros déclin en six mois. L'année 2007 a donné lieu à la plus faible croissance des dépenses depuis 2002, donnée d'importance car la consommation compte pour les deux tiers de l'économie américaine.
Un analyste de la firme A.G. Edwards, Al Goldman, a dit de son côté que «les investisseurs sont de plus en plus convaincus que la consommation va s'émousser cette année, entraînant une récession de l'économie».
De l'autre côté de l'Atlantique, tous les marchés ont terminé en baisse. La Bourse de Paris a reculé de près de 3 % alors que celle de Londres, le FTSE 100, a perdu plus de 3 %.
«Les raisons, c'est un mélange de chiffres macro-économiques épouvantables, des nouvelles de sociétés très négatives et des retraits brutaux du marché. Je vois presque des réactions de panique. De toute façon, les éléments fondamentaux [de l'économie] sont oubliés depuis longtemps», a dit à l'AFP un courtier parisien.
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Avec l'Agence France-Presse