Delta au centre du «big bang» attendu dans le ciel américain

Un appareil de Delta fait le plein. Le mouvement de consolidation chez les transporteurs aériens est rendu d’autant plus urgent que la flambée des prix du pétrole semble irrépressible.
Photo: Agence France-Presse (photo) Un appareil de Delta fait le plein. Le mouvement de consolidation chez les transporteurs aériens est rendu d’autant plus urgent que la flambée des prix du pétrole semble irrépressible.

Washington — Delta Air Lines, partenaire historique d'Air France-KLM aux États-Unis, semble plus que jamais au centre du processus de consolidation attendu de longue date dans le ciel américain.

Le p.-d.g. de la troisième compagnie aérienne américaine, Richard Anderson, a été autorisé par son conseil d'administration à négocier avec United Airlines (numéro deux en nombre de passagers transportés) et Northwest Airlines (numéro cinq) en vue d'une fusion, indiquait hier le Wall Street Journal (WSJ).

Il a pour mandat d'aboutir à un accord de fusion avec l'une ou l'autre, qui donnera, dans les deux cas, naissance à la plus importante compagnie aérienne en Amérique du Nord, ajoute le quotidien américain des affaires qui cite des sources anonymes proches du dossier.

Ce n'est pas la première fois que Delta, qui a fait l'objet fin 2006 d'une offre de rachat avortée de sa rivale US Airways, est au centre de rumeurs de consolidation ces derniers mois.

Mi-novembre, son patron avait démenti qu'il menait des négociations avec United Airlines (UAL), en vue d'une fusion poussée par le fonds d'investissement Pardus Capital Management, propriétaire d'environ 2 % du capital de Delta et 4,8 % d'UAL.

Le WSJ jugeait hier que Northwest — associé à Delta et Air France-KLM au sein de l'alliance Sky Team — a désormais les meilleures chances.

M. Anderson présidait cette compagnie avant de venir chez Delta, fait valoir le journal, et un tel rapprochement aurait davantage de chances d'être accepté par les autorités de la concurrence. Le quotidien estime qu'une annonce pourrait intervenir dès la mi-février.

Ces remous sont à mettre en rapport avec le «big bang» attendu de longue date entre les six compagnies aériennes traditionnelles américaines — American, Continental, Delta, US Airways, Northwest et United.

«La consolidation a longtemps été présentée comme un moyen d'améliorer la santé du secteur aérien aux États-Unis», rappelle Standard and Poor's dans un rapport publié vendredi. «La rationalisation des capacités excédentaires et la réduction du nombre de concurrents pourraient corriger un déséquilibre entre l'offre et la demande, et améliorer les niveaux de prix», détaille l'agence de notation financière.

«Une baisse des capacités profiterait non seulement aux compagnies engagées dans la fusion, mais aussi à l'ensemble du secteur», ajoute la firme Avondale Partners, dans une note publiée jeudi.

Ce mouvement de consolidation, qui a déjà commencé en Europe sous l'impulsion d'Air France avec les rachats successifs de KLM et maintenant d'Alitalia, est rendu d'autant plus urgent que la flambée des prix du pétrole semble irrépressible.

«Avec des prix du pétrole supérieurs à 90 $US le baril, cette analyse prend une importance accrue», avait concédé M. Anderson, mi-novembre.

Entre-temps, les cours du brut ont atteint le seuil symbolique de 100 $US, avant de redescendre, au-dessus de 90 $US.

«Delta pense qu'une bonne opération de consolidation pourrait générer une valeur significative pour nos actionnaires et nos employés», avait-il ajouté.

Il est vrai que la facture pétrolière pèse sensiblement sur les comptes de la compagnie.

Début décembre, Delta a abaissé sa prévision de marge opérationnelle pour le quatrième trimestre en raison du carburant cher, tablant désormais sur une marge opérationnelle nulle, voire négative de 2 %, contre une prévision de +3 % à +5 % livrée à la mi-octobre.

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