Bourse de Montréal: les détails de la fusion

La Bourse de Montréal (BdM) a enfin publié hier le détail de sa fusion avec la Bourse de Toronto dans un document de 150 pages qui ventile les lourdes responsabilités qu'aura l'actuel patron montréalais tout en révélant que le parquet montréalais a reçu un coup de fil d'intérêt d'une Bourse américaine en septembre.

La circulaire transmise aux actionnaires de la BdM, publiée en début de soirée, passe au peigne fin les conditions de l'acquisition par la Bourse de Toronto. Elle permet aussi de conclure que la récente démission du dirigeant torontois Richard Nesbitt, qui devait être le grand patron de la nouvelle entité, ne se soldera pas par l'ascension automatique du président montréalais, Luc Bertrand.

«Il y a un processus décisionnel dans toutes les situations importantes, et celle-ci n'y échappe pas», a dit M. Bertrand lors d'un court entretien. «Le départ de M. Nesbitt est inusité pour tout le monde, à commencer par le conseil d'administration de la Bourse de Toronto. Il faut donner aux gens une chance de respirer, c'est tout frais.»

Concrètement, M. Bertrand occupera des fonctions qui feront relever de lui environ 450 des 700 employés de la future Bourse fusionnée, a-t-il estimé hier. Attendu comme numéro deux de la nouvelle entité, il sera toujours président de la BdM. Selon la circulaire, il supervisera aussi l'intégration des deux Bourses, sera responsable des activités de compensation et dirigera le chef des technologies de l'information.

M. Bertrand a dit lors de l'entretien que ces tâches n'étaient pas la conséquence d'une bonification de son poste par suite du départ de M. Nesbitt.

La démission subite de Richard Nesbitt, qui présidait la Bourse de Toronto depuis plusieurs années mais a choisi de se joindre à la banque CIBC, a fait dire à plusieurs analystes la semaine dernière que M. Bertrand était le candidat tout indiqué pour le poste de grand patron de la nouvelle Bourse.

Convaincre l'AMF

La Bourse de Toronto, spécialisée dans les actions des grandes compagnies, est prête à payer 1,3 milliard pour sa consoeur montréalaise, pour sa part spécialisée dans les options et les contrats à terme. Les deux Bourses affirment que c'est pour mieux concurrencer les autres parquets du monde.

Pour convaincre l'Autorité des marchés financiers (AMF) de donner son autorisation à l'acquisition de la BdM par Bay Street, un certain nombre de conditions ont été posées. Par exemple, la circulaire indique que la BdM «continuera d'être la Bourse nationale canadienne de négociation d'instruments dérivés» et qu'elle «s'occupera de la gestion des activités canadiennes de négociation liées aux droits d'émission de carbone».

De plus, la circulaire affirme que «les activités de la BdM continueront d'être exercées et de prendre de l'expansion à Montréal» et que «le plus haut dirigeant de la BdM continuera de résider et de travailler à Montréal». Il est aussi prévu que la nouvelle entité interdira à tout actionnaire de détenir plus de 10 % des actions, et que tout changement nécessitera l'aval de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario et de l'AMF.

De son côté, la Bourse de Toronto a diffusé un communiqué laconique pour souligner la publication des documents officiels. «Nous croyons que le regroupement apportera de grands avantages aux actionnaires, aux marchés financiers du Québec et du Canada», a déclaré Michael Ptasznik, chef de la direction par intérim du Groupe TSX. «Nous sommes heureux que la transaction progresse conformément au calendrier prévu et nous continuons à viser de conclure celle-ci au premier trimestre de cette année.»

La circulaire évoque aussi l'échec des pourparlers avec Toronto cet été pour des raisons de «désaccord quant au modèle de gouvernance». C'était en juin. Or en septembre, un groupe boursier américain a appelé la Bourse de Montréal pour manifester son intérêt à en faire l'acquisition. Des discussions ont eu lieu pendant deux semaines, puis sont mortes pour des raisons non précisées.

La Bourse de Montréal a alors décidé de prendre le taureau par les cornes et a exploré ses options, compte tenu du fait que la Bourse de Toronto avait déjà indiqué son intention de se lancer dans les produits dérivés aussitôt que le pacte de non-agression entre les deux serait terminé en 2009.

Une assemblée spéciale des actionnaires de la Bourse de Montréal doit avoir lieu le 13 février.

Hier, l'action de la Bourse de Montréal a reculé de 1 % à 37,35 $ alors que celle de la Bourse de Toronto a cédé 2 % à 48,10 $.

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