L'économie canadienne se portera bien en 2008

L'économie canadienne se portera bien, cette année, en dépit de la mauvaise passe que traverse le voisin américain, prédit le Conference Board du Canada. À moins, bien sûr, que les choses ne se mettent à aller vraiment mal aux États-Unis.
La croissance de l'économie canadienne devrait légèrement s'accélérer au cours des douze prochains mois, en passant d'un taux estimé à 2,6 % pour 2007 à un taux «respirant la santé» de 2,8 % en 2008, dit le Conference Board dans la dernière mise à jour de ses prévisions économiques dévoilée hier. «L'économie canadienne restera un modèle de croissance stable en sortant indemne de l'incertitude qui secoue les États-Unis», affirme-t-il dans le rapport de 11 pages. «La plupart des conditions qui ont stimulé l'économie intérieure canadienne au cours des dernières années sont toujours présentes, en même temps que de nouvelles sont apparues», explique-t-il un peu plus loin.Au nombre de ces nouvelles conditions favorables à l'économie intérieure, le Conference Board cite les «généreuses» baisses d'impôt annoncées en novembre par le gouvernement fédéral. On note aussi le fait qu'en dépit des difficultés que traverse le secteur financier depuis l'éclatement de la crise des subprimes, la plupart des autres entreprises devraient afficher d'importants profits cette année qui pourront être réinvestis. Il faut s'attendre également à ce que les gouvernements provinciaux engrangent des revenus plus importants que prévu ce qui les aidera, sans doute, à se montrer prompts à dépenser.
Le maintien de la force du dollar et le ralentissement économique américain ne manqueront pas de continuer à affecter les compagnies exportatrices, admettent les prévisionnistes du Conference Board. Certains secteurs devraient toutefois quand même bien s'en tirer. Ce devrait notamment être le cas pour le secteur aérospatial, «apparemment imperméable aux mauvaises nouvelles économiques». Les nombreux investissements des dernières années dans le secteur des ressources devraient aussi commencer à donner des résultats en matière de capacité de production et d'exportation. Et puis, le huard est loin de s'être autant apprécié auprès des autres monnaies qu'il ne l'a fait par rapport au billet vert. Cela tombe bien, alors que «les exportateurs canadiens ont de plus en plus de succès à pénétrer dans les marchés européens et sud-américains».
Ce portrait de l'avenir pourrait toutefois changer s'il fallait que l'économie américaine entre en récession, prévient le Conference Board. S'il fallait que la crise financière en cours s'y étende à la consommation des ménages et à l'emploi, la situation au nord de la frontière américaine pourrait rapidement se dégrader. «Les prévisions annoncent pour le moment un ralentissement marqué de la croissance de la consommation des ménages, dit le rapport. Cette consommation pourrait cependant facilement décliner, ce qui pourrait avoir un impact considérable sur le Canada selon son effet boule de neige sur la croissance mondiale et les prix des ressources.»
Optimisme des entreprises
À en croire la Banque du Canada, les entreprises canadiennes partagent ce bel optimisme du Conference Board. «Les entreprises s'attendent à ce que leurs ventes continuent de progresser à la même cadence durant les douze prochains mois», dit la banque centrale dans le rapport de sa dernière Enquête sur les perspectives des entreprises dont les résultats ont aussi été dévoilés hier.
La situation est telle que l'on a rarement compté autant de chefs d'entreprise (60 %) qui disent, dans l'ouest du pays, mais aussi de plus en plus dans les autres provinces, qu'ils auraient de la difficulté à faire face à une hausse inattendue de la demande. Cela amène les dirigeants de compagnie à continuer de prévoir une augmentation, cette année, du niveau de leurs investissements ainsi que de l'embauche de nouveaux employés.
«La vigueur anticipée de la demande intérieure contribue à contrebalancer l'effet modérateur exercé sur les perspectives de vente des firmes par la récente montée du dollar canadien et le ralentissement escompté de l'expansion de l'économie américaine», explique la Banque du Canada dans son rapport. «Néanmoins, bien des entreprises jugent plus incertaines les perspectives économiques», à cause, notamment, de la volatilité du cours du dollar, précise-t-on.