Fusion des Bourses - Un passeport pour la Bourse du carbone, dit Charest

Québec — L'installation possible à Montréal de la Bourse du carbone vient de franchir une étape de plus, avec la fusion annoncée hier des Bourses de Montréal et de Toronto, selon le premier ministre Jean Charest.

La balle est maintenant dans le camp du gouvernement fédéral, qui doit ajuster son projet de réglementation de la future Bourse du climat, de manière à en extirper les aspects irritants aux yeux des entreprises québécoises, a-t-il indiqué en substance en point de presse en marge de la mise en service officielle de la centrale hydroélectrique Péribonka.

«La prochaine étape dépend maintenant de la vitesse à laquelle bougera le gouvernement fédéral. On espère qu'il le fera rapidement, car nous voulons profiter du "momentum"», a dit M. Charest, continuant à faire pression sur son homologue fédéral, comme il l'avait fait la semaine dernière en demandant à Stephen Harper d'en faire davantage pour lutter contre les changements climatiques.

La Bourse du carbone, «sur le plan économique, c'est l'avenir», a-t-il commenté, en n'ayant que de bons mots pour la fusion des deux places boursières. «Les chances de Montréal d'obtenir la Bourse du carbone viennent d'augmenter substantiellement», selon lui.

Il a rappelé que la Bourse de Montréal avait développé au cours des dernières années la spécialité des produits dérivés, «pour laquelle elle est reconnue mondialement», ce qui la positionne plus que jamais pour obtenir la Bourse du carbone.

Cette Bourse du carbone permettra aux entreprises inscrites d'échanger des crédits d'émissions de gaz à effet de serre (GES). Les entreprises les plus performantes sur le plan de la réduction des GES pourront en vendre et les plus polluantes, incapables de respecter les plafonds imposés, en acheter.

Or, il revient à Ottawa de fixer les plafonds d'émissions autorisés, ce qui devrait être fait dans les prochains mois. Le projet présentement sur la table est jugé inacceptable par Québec.

ADQ et PQ

Par ailleurs, la fusion des Bourses de Montréal et de Toronto inquiète au plus haut point tant le député adéquiste de Chauveau, Gilles Taillon, que le député péquiste de Rousseau, François Legault, tous deux porte-parole de leur formation politique dans les dossiers économiques.

M. Taillon a fait valoir hier que le siège social du nouvel organisme unifié sera établi à Toronto, que le président du conseil d'administration, de même que le chef des opérations, seront torontois.

De même, 13 des 18 membres du conseil d'administration proviendront de l'extérieur du Québec. «Cela m'inquiète de voir menacé de disparaître notre leadership dans ce dossier», a dit M. Taillon.

Selon lui, l'informatique risque de demeurer à Montréal pendant que les vraies décisions se prendront à Toronto, même dans le secteur des produits dérivés, où Montréal s'était constitué une véritable expertise.

Pour le péquiste François Legault, l'Agence des marchés financiers, qui doit approuver la fusion, devra vérifier si le Québec demeure en bonne position sur les marchés avant de donner son accord.

M. Legault craint surtout que Montréal ne puisse conserver les emplois de qualité que lui vaut actuellement la présence de la Bourse, particulièrement dans les technologies de l'informatique.

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