Le Québec et l'Ontario entament des négociations commerciales

Toronto — Durement éprouvés par la crise du secteur manufacturier, le Québec et l'Ontario tenteront ces prochains mois de redonner du tonus à leurs économies respectives avec la signature d'un traité pour favoriser le commerce entre les deux provinces.

De passage à l'Assemblée législative de l'Ontario, hier à Toronto, le premier ministre du Québec, Jean Charest, a signé une déclaration commune avec son homologue ontarien Dalton McGuinty soulignant le lancement des négociations d'un accord économique et commercial «élargi».

Le Québec et l'Ontario, qui représentent les deux tiers de l'industrie manufacturière au pays, ne peuvent plus compter sur l'avantage concurrentiel que leur conférait, sur le marché américain, la faiblesse du dollar canadien. Même s'ils planchaient sur ce projet d'accord commercial depuis la signature du Protocole de coopération Québec-Ontario en 2006, MM. Charest et McGuinty ont vite conclu que les circonstances actuelles justifient plus que jamais un resserrement des liens bilatéraux.

«On se demandait, moi et M. Charest, en réunion, pourquoi nous n'avions pas conclu des ententes de la sorte auparavant», a avoué le premier ministre Dalton McGuinty, en point de presse à Queen's Park aux côtés de son homologue québécois. «La force du huard, le prix du pétrole, la stagnation de l'économie américaine, l'avènement de la globalisation, tous ces phénomènes nous ont amenés à revoir nos relations sous un jour nouveau», a-t-il expliqué.

Sans être marginales, les exportations québécoises vers l'Ontario ne représentent qu'une fraction des ventes du Québec hors frontière. En 2003, la valeur des exportations du Québec en Ontario atteignait 31 milliards de dollars, sur un total de 129 milliards de biens et services vendus à l'étranger.

Néanmoins, l'Ontario est le deuxième partenaire commercial du Québec après les États-Unis, a pour sa part fait valoir le premier ministre Charest. «Si on aborde cela État par État, les échanges avec l'Ontario sont quatre fois plus importants qu'avec l'État de New York, notre principal partenaire aux États-Unis», a-t-il ajouté.

Quant à l'Ontario, la valeur de ses exportations au Québec en 2003 — dernières données statistiques disponibles — se chiffrait à 38 milliards.

Pour parvenir à donner une nouvelle impulsion aux échanges, il est impératif «d'enlever les barrières non nécessaires au commerce», a commenté M. McGuinty.

La tâche sera confiée à deux négociateurs — un pour chaque province — qui seront nommés avant Noël, selon le premier ministre du Québec.

Ces derniers auront pour mandat d'aplanir les obstacles au commerce — comme le fardeau administratif que représentent pour les entreprises exportatrices les réglementations différentes d'une province à l'autre — et les entraves à la mobilité de la main-d'oeuvre.

À cet égard, même si un premier pas a été franchi dans le domaine de la construction, il reste encore trop de barrières à la circulation de la main-d'oeuvre, a souligné M. Charest, citant notamment le secteur du transport et celui, particulièrement important, de la santé.

«Par exemple, nous recrutons à l'extérieur du Québec pour amener des infirmières et des médecins. Encore faut-il reconnaître leur diplôme. Il faut avoir la capacité d'accueillir ceux qui veulent travailler chez nous», a-t-il dit.

Avec le vieillissement de la population et son corollaire, la pénurie de la main-d'oeuvre, il est dans l'intérêt du Québec de collaborer de façon «plus intense» avec ses voisins, a poursuivi le premier ministre.

Pour bien illustrer cette collaboration «plus intense», les conseils des ministres de l'Ontario et du Québec tiendront une réunion conjointe au printemps 2008.

Au Canada, il existe une déjà entente commerciale entre les provinces de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Mais autant l'Ontario que le Québec jugent cet accord trop contraignant et lourd, surtout au chapitre de la résolution des conflits. L'entente Québec-Ontario sera plus légère et souple, a confié un collaborateur du premier ministre Charest.

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