Boeing conforte son avance sur Airbus grâce à Lufthansa

Paris — La méga-commande passée hier par Lufthansa donne une nouvelle longueur d'avance à Boeing dans son duel face à Airbus, qu'il devrait dépasser en nombre de commandes pour la première fois depuis 2001 grâce au succès de ses long-courriers.
La compagnie aérienne allemande a passé une commande de 6,9 milliards de dollars portant sur 20 Boeing 747-800 (la version allongée du gros porteur de l'avionneur américain, assortie d'une option sur 20 appareils supplémentaires) et sur sept Airbus A340-600 afin de renouveler sa flotte long courrier.Cette décision représente un camouflet pour le concurrent du super jumbo américain, l'A380 d'Airbus, dont les retards successifs ont plongé l'avionneur et sa maison mère EADS dans la crise.
Et ce d'autant plus que Lufthansa est le premier client européen pour le super jumbo A380, avec une commande ferme de 15 avions et une option sur cinq autres.
Lot de consolation pour Airbus, en choisissant de compléter sa flotte longue distance avec l'A340, Lufthansa apporte un coup de pouce à ce modèle, accusé d'être trop gourmand en carburant et qui a de plus en plus de mal à trouver preneur.
Pour Boeing, cette commande est à marquer d'une pierre blanche, puisque c'est la première pour la version passagers de son 747-800, qu'il n'avait vendu pour l'instant que dans ses versions cargo et affaires.
Tirant profit des ratés du programme de l'A380 et du lancement industriel tardif de l'A350 destiné à concurrencer son le Boeing 787 «Dreamliner», le constructeur de Chicago a pris l'avantage cette année sur le créneau très rentable des long-courriers, ce qui lui permet de surpasser Airbus en nombre total de contrats commerciaux.
À un mois de la fin de l'année, avec la commande de Lufthansa, Boeing affiche 843 commandes fermes d'appareils commerciaux contre 642 pour son rival européen, ce qui lui permet d'espérer regagner le titre de numéro un mondial en commandes dont il est déchu depuis 2000.
Par famille d'avions, avec ces nouvelles commandes, l'avionneur américain compte 574 commandes pour son moyen-courrier «best seller» 737 et 269 commandes de long-courriers: 142 commandes du B787 «Dreamliner», 62 commandes pour le 747, 57 pour le long-courrier 777, et huit de son modèle de moyenne capacité B767.
En comparaison: le bilan commercial d'Airbus est très déséquilibré sur les onze premiers mois de l'année: l'avionneur européen a certes reçu 580 commandes pour son moyen-courrier A320, mais seulement 62 long-courriers dont aucun A380.
En conséquence, la part de marché d'Airbus en valeur s'était effritée fin novembre à «35 à 37 %» contre 45 % sur l'an dernier, a récemment admis son directeur commercial John Leahy.
Toutefois, malgré les déboires de l'A380 et de l'A350, Airbus profite comme Boeing d'une deuxième année faste en termes de commandes après le record historique atteint en 2005. L'an dernier, les compagnies aériennes avaient commandé plus de 2000 appareils commerciaux aux deux constructeurs.
Le marché aéronautique civil mondial continue de bénéficier de la forte croissance du trafic aérien (+5 à 6 % prévu en moyenne au cours des vingt prochaines années), qui favorise la prolifération des compagnies à bas coûts et dynamise la demande, en particulier en Asie.
Le pétrole cher joue également un rôle déterminant en poussant les transporteurs à renouveler leur flotte avec des avions neufs, moins gourmands en carburant.
Autre lot de consolation pour Airbus: pour la quatrième année consécutive, l'avionneur restera en 2006 numéro un sur le plan des livraisons. Fin novembre, il avait livré 399 avions contre 330 appareils pour Boeing à la fin octobre, et devrait finir 2006 sur un total de 430 conformément à ses objectifs.