Congrès de l'Union des producteurs agricoles - Olymel: les producteurs sont attristés mais pas surpris des fermetures

Québec — Aussi bien Claude Corbeil, président de la Fédération des producteurs de porcs, que Laurent Pellerin, président de l'Union des producteurs agricoles, se disent attristés par la fermeture de certaines usines d'Olymel, mais, au fond, c'est sans surprise qu'ils ont appris ces mauvaises nouvelles depuis deux jours. Ils ne jettent aucunement le blâme sur Olymel et constatent qu'une restructuration majeure s'impose. «La crise est réelle. Ça va faire très mal cette année, mais ça ira mieux l'an prochain», a déclaré M. Corbeil.
Du côté de l'UPA, on mentionne que plusieurs facteurs ont contribué à la situation présente, le moratoire imposé à l'industrie porcine pendant quatre ans n'étant pas le moindre, soutient M. Pellerin. Néanmoins, le président de l'UPA ajoute que les producteurs sont aussi les propriétaires de la Coopérative fédérée, elle-même actionnaire majoritaire d'Olymel, et qu'à ce titre il serait irresponsable d'engager de nouveaux investissements dans le contexte actuel, à savoir la non-concurrence des abattoirs en matière de prix, par rapport aux transformateurs internationaux. L'UPA fait sienne l'explication d'Olymel, à savoir que la situation pouvait être tolérée lorsque le taux de change du dollar canadien était très favorable aux exportations, ce qui n'est plus le cas maintenant.Pour leur part, les producteurs de porcs, qui étaient déjà très touchés financièrement par une maladie qui a fait des ravages dans leurs troupeaux, ont dû, au cours de la dernière année, encaisser des baisses de prix que leur ont imposées les abattoirs, lesquels cherchaient à gagner du temps. M. Pellerin a rappelé que le chiffre record de production a été de 7,7 millions en porcs, en 2004. En 2005, il y a eu une baisse de 4 %, suivie d'une diminution de 3 % en 2006. La prochaine année verra la production passer sous la barre des sept millions.
Comme tout le monde s'attend à d'autres annonces de la part d'Olymel dans le cadre de sa restructuration, comment doivent réagir les producteurs? Selon M. Corbeil, il faut à court terme mettre en place un plan de relance de la production. En ce qui concerne Olymel, même le ministre de l'Agriculture, Yvon Vallières, attend de voir ce qui va ressortir de la démarche en cours de la part de Lucien Bouchard. Pour sa part, M. Corbeil pense que les autres abattoirs québécois vont s'ajuster de manière à pouvoir recevoir les porcs qu'Olymel ne prendra plus. Il pense en particulier à une nouvelle entreprise, Qualiporc, créée par un groupe de producteurs et installée à Les Cèdres, près de Valleyfield. Il y a aussi le groupe Asta, à Saint-Alexandre, qui pourrait accueillir davantage de porcs. Pour compenser l'augmentation des coûts de transport qui pourrait avoir lieu, les producteurs ont conçu un système de péréquation pour ces coûts.
La situation de l'industrie du porc n'a toutefois constitué hier qu'un élément parmi les nombreuses difficultés qui affectent le monde agricole et qui font l'objet de discussions dans le cadre du congrès annuel de l'UPA. Devant un auditoire à ce point silencieux qu'on aurait pu entendre une mouche voler, M. Pellerin s'est demandé si l'effondrement inimaginable constaté dans l'industrie forestière n'était pas en voie de commencer à se produire en agriculture.