Olymel fermera deux usines malgré ses revers en cour
Olymel entend aller de l'avant malgré les décisions contraires des tribunaux. Le transformateur procédera à la fermeture de son usine de Saint-Simon et y greffe celle de son principal fournisseur, à Saint-Valérien. Ces fermetures entraîneront la perte de 560 emplois dans la région de Saint-Hyacinthe.
Olymel avait pourtant essuyé cinq revers consécutifs dans sa tentative visant à fermer l'usine de Saint-Simon. La coopérative a annoncé hier qu'elle gardait le cap. Les 406 employés de l'établissement, qui se spécialise essentiellement dans la découpe et le désossage de viande de porc, vont recevoir leur avis de cessation d'emploi, qui prendra effet le 30 mars prochain. Joint hier, le président du syndicat CSN de l'usine de Saint-Simon, Richard Martin, a préféré réserver ses commentaires pour aujourd'hui.Cette fermeture est accompagnée de celle de l'usine de Saint-Valérien. «Principale source d'approvisionnement de l'usine de Saint-Simon-de-Bagot, l'usine de Saint-Valérien-de-Milton emploie actuellement 153 salariés et concentre ses activités dans l'abattage», a précisé Olymel, dans son communiqué diffusé en début de soirée hier.
Dans le dernier jugement en date, l'arbitre du Travail Jean-Pierre Tremblay avait statué, au début de septembre, que la fermeture de l'usine de Saint-Simon s'inscrivait en contravention de la convention collective signée en 2001 et en vigueur jusqu'en 2007. En clair, Olymel n'avait pas su faire la démonstration de la nécessité de fermer cette usine, comme le prévoit la convention. L'arbitre y voyait un transfert d'activités vers d'autres usines, notamment parce que les approvisionnements demeuraient sensiblement les mêmes, avant comme après la fermeture, avait écrit, en substance, l'arbitre.
En ajoutant à la fermeture de Saint-Simon celle de son principal fournisseur, l'usine de Saint-Valérien et ses 153 emplois sont-ils sacrifiés dans l'opération? «Je ne verrais pas les choses comme cela», a répondu Richard Vigneault, porte-parole de la coopérative. «La décision d'hier résulte d'une analyse en profondeur dont les conclusions ont été rendues publiques au début de janvier. Elle traduit la nécessité, pour Olymel, de retrouver le chemin de la rentabilité.»
Le syndicat de l'usine de Saint-Valérien voit les choses différemment. «Ce n'est pas subtil. On est directement victimes», a dénoncé l'adjoint exécutif des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC-FTQ), Louis Bolduc, selon les propos recueillis par la Presse canadienne. Il estime que l'usine de Saint-Valérien ne ferme que pour rendre plus légale la fermeture de l'usine de Saint-Simon. L'usine de Saint-Valérien «est un modèle de productivité, une usine rentable, excellente». M. Bolduc se dit d'autant plus surpris que les dirigeants d'Olymel «ne nous ont même pas demandé de concessions salariales».
Le responsable des communications d'Olymel rappelle, pour sa part, que l'industrie porcine est en crise et que, de 2003 au début de 2006, Olymel a accumulé une perte de 100 millions. «Cette année seulement, la perte pourrait être de 55 millions ou plus», a-t-il ajouté. Chez Olymel, on continue à contester les décisions des différentes instances judiciaires, et celle du tribunal du Travail est l'objet d'une demande de révision judiciaire. «On ne peut donc commenter plus à fond puisque c'est encore devant les tribunaux. C'est pour cela qu'on fixe la date de fermeture au 30 mars prochain. D'ici là, disons que nous avons des prétentions et que les syndicats en ont d'autres», a renchéri M. Vigneault.
Dans son communiqué, Olymel revient à cette référence à un transfert déguisé d'activités vers d'autres usines. Les deux établissements «cesseront définitivement leurs activités le 30 mars 2007, ce qui entraînera alors une réduction du niveau global d'approvisionnement et de production», écrit-on. «Notre entreprise doit poursuivre son processus de rationalisation dans le but de retrouver la rentabilité. C'est la seule façon de faire face aux nouvelles réalités du marché, comme l'appréciation du dollar canadien et la vive compétition que nous affrontons à l'échelle mondiale», a ajouté celle qui a retenu les services de Lucien Bouchard.
L'ex-premier ministre du Québec a reçu un mandat large de négocier avec tous les partenaires de l'industrie porcine au Québec une consolidation de cette industrie.
«Olymel poursuit toutefois les démarches entreprises auprès de ses partenaires sous les auspices de Me Lucien Bouchard afin de trouver des solutions durables aux problèmes qui affectent l'industrie porcine. L'entreprise est bien déterminée à prendre toutes les décisions qui s'imposent pour assurer un retour à la rentabilité du secteur du porc frais dans les meilleurs délais», a ajouté le p.d.-g. de la filiale de la Coop fédérée, Réjean Nadeau.