Création d'emplois - L'Alberta sauve encore la donne
La création d'emplois au Canada a été soutenue en novembre. Le contraste venait toujours de l'Ouest, avec l'Alberta revendiquant près de la moitié du gain comptabilisé le mois dernier. Une distorsion s'est cependant ajoutée hier, l'essentiel de la croissance se concentrant dans le segment du travail à temps partiel, par nature plus précaire.
Selon les données de Statistique Canada, la création nette a été de 22 400 emplois le mois dernier au Canada. Le taux de chômage a cependant augmenté, de 6,2 % en octobre à 6,3 % en novembre, sous le coup d'un accroissement plus fort de la population active. L'agence fédérale a souligné que cette hausse de l'emploi a été attribuable à la croissance du travail à temps partiel. Et que l'Alberta en abrite à elle seule 10 000, soit près de la moitié.Ce faisant, le nombre d'emplois dans cette province pétrolière «s'est accru de 112 000 depuis le début de 2006. L'Alberta a continué d'alimenter la croissance de l'emploi au pays, cette province étant à l'origine de 40 % de la hausse observée au Canada [283 200] depuis le début de l'année.»
En pourcentage, la croissance de l'emploi depuis le début de l'année s'est chiffrée à 6,2 % dans la province albertaine, soit plus du triple du taux de croissance national (1,7 %). Au Québec, elle n'aura été que de 0,7 % dans l'intervalle, «en raison du fléchissement du secteur de la fabrication et de celui du commerce», alors qu'en Ontario, la progression depuis décembre 2005 est de 1,1 %.
Revenant au Québec, la province a perdu 2400 emplois en novembre et le taux de chômage est passé à 8 %, en hausse de 0,3 point, également influencé par une augmentation de la population active. Seule réjouissance, l'agence fédérale a calculé l'ajout de 6700 nouveaux travailleurs dans le secteur manufacturier le mois dernier.
À titre de comparaison, l'Ontario a enregistré un gain net de 19 100 emplois le mois dernier et comptabilisé un taux de chômage de 6,4 %, inchangé par rapport à octobre. Ce rebond permet à l'Ontario d'afficher une hausse modeste de 71 000 emplois depuis le début de l'année, un gain plombé par une perte de 63 000 emplois dans le secteur manufacturier.
Et là aussi, «à l'image du Canada et du Québec, c'est l'emploi à temps partiel qui a fait des gains [+22 600 en Ontario, +3800 au Québec] au détriment du travail à temps plein [-3500 en Ontario, -6100 au Québec]», a noté Joëlle Noreau. L'économiste au Mouvement Desjardins a ajouté: «Sur les 71 000 emplois créés depuis le début de 2006 en Ontario, environ 30 000 sont à temps plein et 41 000 sont à temps partiel.»
Le Québec se démarque sur ce point avec une création de 27 100 emplois depuis le début de 2006, le plein temps avançant de 38 400 alors que le temps partiel a reculé de 7700.
«Dans la mesure où le secteur manufacturier est étroitement lié à celui des États-Unis, la croissance de l'emploi n'augure rien de très prometteur au Québec et en Ontario pour les prochains mois. Toutefois, les ménages québécois et ontariens continueront de dépenser et soutiendront le secteur des services. Il devrait y avoir une création nette d'emplois au cours des six prochains mois, mais il y a tout lieu de croire qu'elle sera très modérée», a renchéri Joëlle Noreau.
Ce constat s'ajoute aux récentes statistiques sur l'activité économique pour convaincre les analystes d'un statu quo monétaire, mardi prochain. Jeudi, Statistique Canada dévoilait que la croissance du PIB au troisième trimestre, à 1,7 % en rythme annuel, avait été la plus faible depuis 2003. On s'attend à ce que la Banque du Canada laisse son taux d'intérêt directeur inchangé, à 4,25 %, au terme de sa réunion de mardi.