Kerkorian quitte GM

Washington — Vaincu dans le bras de fer qui l'opposait à la direction de General Motors, le milliardaire américain Kirk Kerkorian a brusquement repris sa mise, ce qui devrait laisser les mains libres au constructeur automobile pour mener à bien sa restructuration.

Tracinda, la société d'investissements de M. Kerkorian, a décidé jeudi de vendre en deux vagues ce qui lui restait d'actions dans GM. La première vente, dûment annoncée aux autorités, portait sur 14 millions de titres, et la seconde, révélée par le Wall Street Journal, sur 28 millions d'actions.

En une dizaine de jours, Kerkorian aura ainsi liquidé les quelque 10 % du capital de General Motors qu'il possédait: il avait cédé le 22 novembre un premier bloc de 14 millions d'actions.

Pour le milliardaire, c'est une reconnaissance de défaite dans la bataille qu'il a menée pendant 20 mois pour imprimer sa marque à la restructuration de General Motors. M. Kerkorian, 89 ans, avait été à l'origine du projet de rapprochement de GM avec le franco-japonais Renault-Nissan l'été dernier, qui avait finalement capoté devant les réticences de la direction de GM.

«Kerkorian a été une épine dans le pied du p.-d.g. Rick Wagoner. Avec son départ rapide et l'argent dégagé par GMAC, la direction aura les mains libres pour poursuivre sa stratégie de développement», estime Paul Newton de Global Insight.

La vente de GMAC devrait rapporter 14 milliards sur trois ans et cet argent sera précieux dans le cadre de la vaste restructuration entamée par le groupe et par son fournisseur Delphi.

Confronté à des coûts sociaux très élevés et une gamme de produits démodés, General Motors a perdu trois milliards de dollars sur les neuf premiers mois de l'année et s'est lancé dans un vaste plan de fermetures d'usines et de réductions d'emplois en Amérique du Nord.

Mais la nouvelle époque qui s'ouvre pour GM est aussi lourde d'inconnues. Le départ de M. Kerkorian signifie aussi une marque de défiance dans l'avenir, et la vente de GMAC va priver le groupe d'une de ses rares sources de profits.

«GM a fait plus de profits avec ses opérations financières qu'avec ses voitures depuis 2002», rappelle M. Newton.

De plus, les incertitudes économiques risquent de peser lourd.

«GM espère que le ralentissement actuel aux États-Unis ne s'accélérera pas en 2007, ou cela pourrait avoir de sérieuses conséquences pour sa stratégie actuelle, et il n'aura plus d'actifs à vendre», note M. Newton.

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