Transport aérien - Solide départ de Sunwing au Québec

Sunwing connaît un solide départ à sa première saison hivernale au Québec. Son coefficient d'occupation de 99 % depuis novembre et son carnet de réservations s'étendant jusqu'en février lui permettent déjà d'inscrire à l'horaire des nouveaux vols hebdomadaires sur Cuba et la République dominicaine. Au total, 5000 sièges seront ajoutés à la capacité offerte cet hiver au départ de Montréal, de Québec et de Bagotville.
Le fondateur de Vacances Sunwing était à Montréal hier. Colin Hunter était l'invité de l'animateur Yves Laramée à la station Couleur Jazz, non pas pour parler de Sunwing mais plutôt pour faire la promotion de son CD Come Fly With Me. Un disque crooner étonnamment rafraîchissant et de bon ton, qui reprend de vieux succès tels My Way et Fly Me To The Moon. Pour ce coup de coeur, il était accompagné du Starlight Orchestra. L'art de se faire plaisir et de ne pas trop se prendre au sérieux.Le président et chef de la direction de Sunwing a de quoi s'amuser. Installé au Québec depuis quatre mois, le voyagiste affiche des coefficients d'occupation de 99 % depuis son premier vol, le 4 novembre dernier. Et plusieurs affichent déjà complet jusqu'en février. Ce faisant, le nombre de vols vers Punta Cana au départ de Montréal passe de un à trois par semaine et pour Varadero, de un à deux.
En début de saison, Sunwing avait affecté au Québec l'équivalent d'un appareil et demi au départ de Montréal, de Québec et de Bagotville, ce qui lui permettait d'offrir une capacité de 65 000 sièges pour la saison 2006-07. Cette capacité atteint maintenant les 70 000 sièges, a indiqué Sam Char, directeur exécutif pour le Québec de Vacances Sunwing.
«L'arrivée de Sam, les bons dirigeants, un personnel naviguant recruté au Québec, le fait que nous ne soyons pas propriétaires d'agences de voyages et le fait de leur offrir une solution de rechange, le bon produit... Tous les éléments s'imbriquent», a commenté Colin Hunter.
Le fondateur et seul actionnaire de Sunwing, une entreprise familiale, est un habitué des départs fulgurants. Celui qui cumule près de 40 ans dans l'industrie du voyage a notamment été cofondateur de Canada 3000, qui a peiné à digérer une fusion difficile avec la compagnie aérienne Royal Aviation avant que les événements du 11 septembre 2001 ne forcent l'entreprise, jusque-là à forte croissance, à cesser ses activités. M. Hunter a également été cofondateur du tour opérateur Canadian International Travel Holdings, qui abritait notamment Adventure Tours, Fiesta Holidays et Sol Vac.
Dans sa documentation, l'entreprise ne manque pas, d'ailleurs, de souligner que le magazine d'affaires Profit 100 lui a accordé le 10e rang en 2004 et la 67e place en 2005 dans sa liste des 100 entreprises canadiennes à plus forte croissance, avec une progression respective de 4000 % et de 800 % pour chacune de ces deux années.
Cinq ans
Sunwing entame sa cinquième année d'activités, et sa première sur le deuxième marché canadien en importance: le Québec. Présente en Ontario et dans les provinces de l'Atlantique (avec des ports d'attache à Sudbury, Thunder Bay, Halifax et St. Johns) et des effectifs de près de 300 personnes, elle a généré au cours de l'exercice 2005-06 des ventes/recettes brutes de 165 millions, contre 18 millions au terme de sa première année d'exploitation à titre de voyagiste. Elle doit atteindre la barre des 500 employés cet hiver et se diriger vers la cible de 250 millions de ventes brutes.
Afin de mieux contrôler toutes les facettes du produit, Sunwing s'est dotée d'une composante aérienne l'an dernier, avec un vol inaugural en novembre 2005. Sunwing Airlines est dirigée par Mark Williams, auparavant président de Skyservice. M. Williams a également travaillé chez Canadian Airlines et Wardair. Composée de trois appareils B737-800 nouvelle génération, la flotte passera à cinq aéronefs cet hiver.
«C'est toute une histoire que d'obtenir sa licence d'exploitation», déplore Colin Hunter. Il parle d'un coût élevé, associé à cette lourde bureaucratie à Ottawa. «Ce qui pourrait être obtenu en trois mois prend une année.» Il a déposé sa demande en août 2004 avec décembre 2004 pour cible du premier vol. La licence a été obtenue en octobre 2005. «La création d'une compagnie aérienne est devenue un processus compliqué. Mais je ne crois pas que cela nécessite autant de bureaucratie.»
Cela étant, la composante aérienne est un élément essentiel si l'on veut contrôler son offre de produit et se doter de la flexibilité nécessaire pour ajuster la capacité selon les aléas de la demande. Surtout, «comment pensez-vous pouvoir vous démarquer de la concurrence si vous faites affaire avec les mêmes fournisseurs?»
À l'inverse, il préfère ne pas détenir son réseau de distribution. «Je ne comprends pas cette logique d'agences alimentant à la fois leurs fournisseurs et leurs concurrents», a-t-il soutenu, en référence aux structures de voyagiste pleinement intégré. «Si on ajoute la présence de "discounters" dans ces réseaux, il arrive très souvent que l'agence se fait dire, en bout de piste, que la commission n'est pas de 7 % mais plutôt de 3 %. Ces agences ne pensent sûrement pas à long terme.»
Enfin, si, dans l'aérien, la structure de prix a changé au fil des ans pour s'engager sur une pente descendante, il ne s'inquiète pas de la mode des réservations de dernière minute et de la pression qu'elle exerce sur les prix. «Les vraies aubaines, les meilleurs forfaits et les meilleurs hôtels viennent des "réservez tôt". Avec l'achat de dernière minute, le voyageur ne sait pas toujours ce qu'il obtient. C'est son choix.»