L'économie canadienne affiche sa plus faible croissance depuis 2003

Engourdie notamment par un creux dans l'immobilier résidentiel, l'économie canadienne a affiché au troisième trimestre sa plus faible croissance depuis 2003, a indiqué hier Statistique Canada.

Selon les données de l'agence fédérale, le produit intérieur brut (PIB) a crû au rythme annualisé de 1,7 % entre le début de juillet et la fin de septembre, ce qui fait suite à la croissance de 2 % observée au deuxième trimestre et à celle de 3,8 % au premier.

Si la reprise des investissements des entreprises, des exportations et des dépenses de consommation a donné du souffle à l'économie, l'immobilier a joué les trouble-fêtes. Statistique Canada a indiqué que la baisse de 2,2 % de l'investissement en bâtiments résidentiels est la plus forte depuis le début de 1998. La construction résidentielle, en particulier, a fondu de 8,2 % après une baisse de 4,8 % au trimestre précédent.

«Pour la première fois en un an et demi, le Canada a connu deux trimestres de suite de croissance inférieure à la normale (située aux alentours de 2,8 %)», a écrit l'équipe d'économistes de la Financière Banque Nationale (FBN). «Au quatrième trimestre, la croissance sera probablement de nouveau timide, cinq des principaux secteurs affichant une croissance négative.»

L'accumulation des stocks au sein des entreprises s'est, elle aussi, effectuée à un rythme plus lent qu'auparavant. Cela, a estimé le Mouvement Desjardins, a carrément retranché 1 % à la croissance du PIB.

Les économistes ont tous pris soin de souligner le ralentissement significatif de la demande intérieure, qui s'est établie à 2,8 %. La Banque de Montréal a rappelé qu'il s'agissait d'une conséquence découlant d'une réduction des dépenses gouvernementales, notamment attribuable à la fin du recensement national effectué en première moitié de 2006.

Peu d'impact pour les taux

La FBN, la Banque de Montréal et le Mouvement Desjardins, pour ne nommer que ces établissements, ont estimé hier que cette faible croissance n'avait rien pour inciter la Banque du Canada à relever son taux d'intérêt directeur mardi prochain lors de sa réunion. D'autant plus, a écrit le Mouvement Desjardins, que la Banque du Canada prévoyait elle-même une croissance de 2 % pour le troisième trimestre.

La Banque du Canada a laissé son taux inchangé à 4,25 % à trois reprises depuis le mois de mai. Son objectif premier est de maintenir l'inflation dans une fourchette de 1 à 3 %. En octobre, par exemple, l'inflation se situait à 2,3 %, exclusion faite d'éléments volatils comme l'énergie et l'alimentation.

«Les taux d'intérêt demeureront vraisemblablement inchangés la semaine prochaine et l'actuel statu quo pourrait se poursuivre jusqu'au printemps 2007», a écrit le Mouvement Desjardins.

Aux États-Unis, le taux directeur de la Réserve fédérale américaine est à 5,25 %. La Fed observe depuis le mois d'août une pause dans la modification de ses taux après les avoir sans cesse relevés pendant plus de deux ans.

Sur une base trimestrielle, a par ailleurs signalé Statistique Canada, le PIB a crû de 0,4 %, comparativement à 0,5 % au deuxième trimestre et 0,9 % au premier.

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