Aide au développement - La Chine bouleverse les conditions de prêt des grandes banques internationales
Les grandes banques internationales d'aide au développement devront peut-être revoir à la baisse leurs exigences à l'égard des pays pauvres en matière de respect des droits humains et de l'environnement si elles ne veulent pas être remplacées par des banquiers chinois moins scrupuleux.
L'avertissement est venu, mardi, du président de la Banque européenne d'investissement (BEI), Philippe Maystadt. «Bien sûr que la concurrence des banques chinoises est forte, a-t-il déclaré à des journalistes à Bruxelles. Et ces banques ne s'encombrent pas d'exigences en matière sociale et de droits humains.»La BEI, la Banque mondiale et toutes les autres grandes institutions financières internationales ne sont désormais plus les seules à offrir du financement à prix réduit, a-t-il constaté. Pour rester compétitives et continuer d'accomplir leur travail d'aide au développement, elles devront se concerter pour établir une approche commune. Elles n'auront, selon lui, probablement pas le choix de réviser à la baisse les conditions en matière de droits sociaux et politiques, de normes du travail et d'environnement, qu'elles ont pris l'habitude de rattacher à ce financement, sans quoi plusieurs pays préféreront faire affaire avec les banques chinoises. «Je suis pour la conditionnalité, a précisé Philippe Maystadt, mais nous devrions réfléchir au degré de conditionnalité que nous voulons imposer.»
Désireuse d'étendre son réseau d'influence internationale, mais surtout de garantir à son économie un approvisionnement continu et fiable en ressources naturelles, la Chine multiplie les offres d'aide financière ainsi que les projets d'investissement dans les pays en voie de développement. En Afrique seulement, elle a promis de doubler son aide au développement et de porter à cinq milliards le montant de ses prêts et crédits d'ici 2009. Plus tôt ce mois-ci, elle a conclu une entente commerciale de 1,9 milliard avec des pays africains afin d'y resserrer ses liens économiques et politiques.
Plusieurs observateurs accusent la Chine de se montrer peu regardante sur le genre de pays qu'elle courtise du moment que ceux-ci lui offrent le pétrole et les mines dont elle a besoin. Au rang de ses nouveaux amis, on retrouve notamment l'Iran, la Birmanie, le Nigeria, l'Angola, le Tchad, le Soudan et le Zimbabwe.
Le Devoir
Avec l'Agence France-Presse et Le Soir